ENSEIGNEMENT SPIRITUEL



III

 
L’Auteur juge nécessaire – il dit pourquoi,   du reste -  de donner au présent chapitre une forme parlée…

 

GARDONS-NOUS DE TARIR LA SOURCE…

    
       
L’enseignement ésotérique se doit d’être libre comme l’air, ondoyant et souple comme l’eau…
" Un auditeur ". - Est-ce pour cette raison qu’on répugne à la transmettre par écrit ?
« Pour cette raison et quelques autres qu’on ne saurait percevoir, sauf illumination, avant un certain temps d’étude… Mais si l’on entreprend de le transmettre par l’écriture ou l’imprimé, c’est pour cette raison en tout cas qu’il y aura intérêt à lui conserver sa forme parlée. Une chance subsistera ainsi de lui maintenir une certaine vibration de vie, laquelle ne tient peut-être qu’aux répétitions, aux incidences ou aux notations de détail et qui a cependant son prix…
  L’idéal serait de dire à chacun ce qu’il a besoin d’entendre, au moment précis où il en a le plus besoin, au moment, par conséquent, où il est le plus réceptif. Pas question de contreplacage, pour nous, pas question de gaver, d’emboquer les mémoires de manière à ce qu’on puisse y recourir comme à des fichiers.
  Ces sortes de surcharges annihilent l’esprit qui doit au contraire, incorporer, assimiler par l'essence, vivre de la vie même des forces, des êtres et des choses… « les officiels » ne voient-ils donc pas qu’à force de classer et d’ordonner, de compartimenter, de sérier et d’étiqueter, ils n’aboutissent qu’à tarir la source ?
  Notre but n’est pas de concurrencer les encyclopédies. Il est de parvenir à la connaissance directe d’une vérité polyvalente, d’une vérité vivante –je reprends toujours les mêmes mots car il n’en est point d’autres qu’on puisse utiliser en cette matière- d’une vérité qui porte en elle-même toutes les lumières dont l’homme a besoin pour vivre et bien vivre, pourvu qu’il vive par et selon cette vérité…

 

SI NOUS REPARLIONS DU BUT… ET DES POUVOIRS ?


 
  Et notre but, que devient-il dans tout cela ? Ne l’aurions-nous pas oublié ?... Hâtons-nous de le définir sous un autre angle. Et voyons qui va parler le premier, qui va me dire, la voix ferme et claire : -  voilà ce que je veux :  et rien d’autre…
Aucune importance, du reste. Je les connais, les réponses. Et je pourrais les faire à votre place…
Les uns me diraient :
 -   Ce que nous voulons ? Nous améliorer, faire des progrès et du bien autour de nous, guérir les malades…
  Et les autres, plus savants, c’est-à-dire, plus sophistiqués et souvent plus hypocrites :
-   Nous libérer, nous dégager, pénétrer les mondes invisibles, retourner au Principe, à l’Absolu, faire éclore en nous le sens des plans spirituels, etc. etc...
*
*      *
  Et ce serait très bien sauf que personne ne me dira :
-  Ce qui me tourmente et que je cherche, ce sont les pouvoirs, ces fameux pouvoirs qui feraient de moi un surhomme et m’assureraient, sur un certain nombre de mes semblables, des revanches que je n’ose même plus espérer tellement je suis désabusé et las… j’ai rêvé de puissance et de domination, de grandeur, de gloire. La vie m’a vaincu. Et je viens aux choses de la magie comme à ma dernière chance…
  Personne ne me dira cela.
  Et celui qui parlerait ainsi parlerait cependant pour beaucoup d’autres en même temps que pour lui-même.

 

MANGER OU ÊTRE MANGÉ ?


 
  Attendez-vous de moi la condamnation de quiconque recherche la puissance ?
Ce point est délicat.

  Et s’il y a lieu de condamner, ce n’est pas tel ou tel individu, c’est l’espèce en son ensemble, c’est l’erreur ou la faute initiale, la mentalité que nous ont forgé les siècles, et que, peut-être même, les dieux nous ont voulu…
  Naturels ou factices, l’homme a beaucoup de besoins. Et le plus infernal de tous est celui de conquérir…
*
*      *
  Il est également le plus fallacieux. Mais les conditions de la vie humaine sont telles, qu’aucun n’exige plus impérieusement satisfaction, hormis ceux de manger, de boire, dormir et de copuler… Pratiquement, ne pas conquérir équivaut à se laisser conquérir.
  Celui qui n’annexe pas est annexé. On ne se défend qu’en attaquant et l’on ne maintient ses positions qu’en menaçant celles du voisin. Manger ou être mangé, il n’y a pas de milieu.
  On multiplie les lois d’assistance, d’entraide et de solidarité. Et l’on se dit : « Comme l’homme est bon, généreux, enclin à faire la part du pauvre et du déshérité ». Ne voit-on pas que justement ces lois proclament la carence de l’humain et ne sont là que pour arracher ce qui devrait être donné ?...

 

AVONS-NOUS LE DROIT DE TRICHER ?


 
  Nos codes témoignent de notre sauvagerie et tentent, sans y parvenir, de mettre quelque douceur en nos mœurs. Leur but est de nous obliger à vivre comme nous devrions être et non comme nous sommes. N’empêche que notre vraie loi est celle de la jungle.
  N’empêche que l’homme est au-dessous des loups, qui eux au moins, ne se dévorent pas entre eux…
  Est-il possible, en de telles conditions, de condamner ceux qui recherchent les pouvoirs occultes dans le désir de mieux attaquer et de mieux se défendre, de mieux faire que les autres ce que tous les autres font ? On dira :
-  Oui. Mais ils songent à s’attribuer des suppléments d’atouts. Ils trichent…
  Est-ce que tout le monde ne triche pas au jeu infernal de l’existence ? Est-ce que tout le monde ne s’emploie pas à récupérer des reines de bataille ou des neufs de campagne ?... Avouons-le : quand ce n’est pas la raison du plus fort qui triomphe, c’est la raison du plus malin. La poigne ne s’incline que devant la ruse.

 

PLAIDONS « NON COUPABLE »


 
  La défense de celui qui se verrait accusé de « recherche de pouvoirs » devant un tribunal quelconque, serait assez simple me semble-t-il… Il pourrait tout simplement déclarer :
-  Ne sommes-nous pas engagés dans une abominable partie de catch où tous les coups sont permis ? Je suis prêt à me conduire en agneau, mais à la condition de ne plus vivre entouré de loups. Assurez-moi d’une paix durable entre les hommes. Délivrez-moi de Caïn. Mais de grâce, ne me reprochez pas de me conduire en brigand parmi les brigands, en escroc parmi les faussaires, en canaille parmi les scélérats et en bonneteur sur le champ de foire où s’affrontent les marchands de chair et de canons…
  « Est-ce ma faute si la vie est ce qu’elle est et si les hommes sont ce qu’ils sont ? Ne me rendez donc pas responsable d’un état de choses que je n’ai pas créé… »
  Ce qu’il faut condamner, par conséquent, c’est l’état de chose, et c’est, répétons-le, l’erreur initiale, la faute originelle, le grand décalage qui s’est produit à un moment donné du genre humain…
  Mais il est vain de condamner une erreur. Ce qu’il faut, c’est la démontrer. Et tel est bien le but que nous entendons poursuivre…


ATTENTION AUX BOUES QUI DIGÈRENT LES HOMMES !...


 
  Va-t-on conclure, du fait que nous nous refusions à condamner les chercheurs de pouvoir occultes, que nous pensons au contraire qu’il y a lieu de les encourager ?
  Eh bien, ma foi, oui.
  Il y a, en toute vérité, que des avantages à les confirmer dans leur désir, voire à les pousser, puis à leur mettre le pied à l’étrier et à les conduire.
  Mais il faut leur dire la vérité. Et la vérité, la voici :
  Il y a deux catégories de voies :
1)  Celles qui dépendent directement de l’Absolu, du Principe,
du Père, de Dieu si l’on préfère.
2) Celles qui n’en dépendent qu’au deuxième, troisième, quatrième ou cinquième degré, nous verrons tout à l’heure comment, pourquoi et en quoi.
Toutes celles de la première catégorie sont bonnes.
Toutes celles de la deuxième sont mauvaises et n’aboutissent, après quelques mètres ou kilomètres de roses et de parfums, qu’à des buissons d’épines, chausse-trappes ou fondrières. On s’y enlise. Et en avant pour ces boues dont je vous ai parlé, pour ces boues qui vous avalent et vous digèrent un homme en moins de temps qu’il n’en faut à un crapaud pour glouter une mouche…



VAMPIRES ET LARVES


 
  On est toujours libre de se suicider et de se vouer soi-même au pire. Mais il semble –sauf perversité congénitale- qu’il suffise d’être prévenu pour choisir la bonne direction. Quiconque est un tant soi peu sain d’esprit, d’intelligence et d’âme, n’ira pas délibérément se fourrer dans la gueule des vampires et des larves.
  Au diable les délirants qui le feront malgré tout. Ils ne seront victimes que d’eux-mêmes. Pour l’humain, le deuil ne sera pas grand. Tant pis, donc, pour ces incurables. Tant pis pour ces « perdus d’avance ». La charité perd ses droits en présence de l’inévitable. Que ces malheureux se débrouillent avec les monstres que d’ailleurs ils portaient déjà en eux-mêmes. Nous ne serons en tout cas, pas suspects de les avoir poussé dans leurs griffes et mis sous leurs crocs…

 

VOIES LIBRES : NI TRUANDS, NI PILLARDS


 
  Reste les autres, ceux qui, en énorme majorité je suppose, opteront pour les vraies voies, pour les voies sans doute moins parfumées de jasmins et de roses au début, mais franches et de bon aloi, bien défendues des truands et des pillards.
  Et voici ce qu’il faut, ceux-là, qu’ils sachent et sachent bien avant de boucler leur sac, d’assurer sous leurs doigts le bâton de pèlerin et de prendre la route montante…
  S’ils ne sont pas très purs au départ, s’ils sont avides et voraces et plus enclins au plaisir qu’à la joie, il faudra que, mètre par mètre, ils se dépouillent et s’affinent. Une question de densité se pose. Et l’on ne monte que dans la mesure où l’on s’allège… Quand aux pouvoirs, nous l’avons vu précédemment, ils sont fonction de l’étiage, du plan qu’on a su conquérir. En marche normale, ils apparaissent d’eux-mêmes à un certain niveau et sont le signe de la réussite…

 

PARTICULARITÉ DE L’ASCÈSE UNITISTE…


 
  J’ai dit : en marche normale …
  Et il faut –la chose est importante et grave, on va le voir- que je m’en explique…
  C’est ainsi que les pouvoirs surviennent quand on suit une ascèse classique, du type de celles que pratique les moines chrétiens ou bouddhistes, les Trappistes, les Chartreux, les Carmélitains, les Bénédictins et les Jésuites.
  Or, l’ascèse que l’Unitisme propose à ceux qui veulent bien suivre ses données n’est pas tout à fait de ce type là. Elle utilise des procédés, non pas nouveaux, mais renouvelés, car les anciens les connaissaient admirablement et les pratiquaient plus admirablement encore, des procédés tels que la naissance des pouvoirs survient souvent, pour ne pas dire toujours, avant que soit atteint le niveau normal d’éclosion…

 

LE YOGA DES JÉSUITES.


 
  Il en est de même avec le yoga des Jésuites, dont la discipline comporte des exercices susceptibles –s’ils sont correctement exécutés- de provoquer l’éclosion de facultés inhabituelles. De ces facultés dont tous les Jésuites ne sont pas, du reste, complètement conscients ou dont ils nient le caractère supra normal, résultent d’une part, leurs étonnantes capacités de travail, de sang froid et « d’isolement », d’autre part, les indiscutables qualités de leur enseignement…
  On peut ne pas aimer leurs façons de voir et de pétrir les intelligences et les cœurs. Mais il faut bien constater qu’ils « s’y connaissent », que quiconque passe par leurs mains garde leur empreinte et, généralement, sait bien conduire sa barque dans la vie.
  Les instituts de culture mentale qui font flores aux Etats-Unis, et qui ont plus ou moins réussi à trouver des clients en Europe, se sont tout simplement inspirés de leurs méthodes.
  De là, leur succès.

 

DÉRÈGLEMENTS GLANDULAIRES.


 
  Les pouvoirs sont de natures et de classes bien différentes. Des prédispositions les conditionnent. « Tel recevra le don des langues », dit le Christ (le don des langues n’ayant du reste rien à voir avec le polyglottisme) et, tel autre « recevra le don de prophétie », etc...
  Il y a d’abord la voyance… pas celle des pythies de carrefours, évidemment, laquelle est neuf fois sur dix, fonctions de dérèglements glandulaires et nécessite l’intervention d’un bon opothérapeute si l’on veut éviter celle d’un éminent psychiatre…
  Puis, il y a la lévitation, le dédoublement, le don d’explorer les mondes supérieurs, de lire directement dans la pensée d’autrui, de guérir les malades, de modifier les destins, etc. etc...
*
*      *
  Deux mots encore, avant de passer à d’autres sujets, pour dire comment on peut pratiquement acquérir ces pouvoirs :
  Par des entraînements appropriés portant, soit sur le physique, soit sur l’ensemble mental, soit sur les deux à la fois, soit encore sur la seule intelligence et sur la seule affectivité, le but de ces entraînements étant de provoquer « l’éclatement » de ces fameuses facultés généralement méconnues ou niées, bien qu’elles soient évidentes, qu’elles existent à l’état latent chez tous les individus de l’espèce humaine et ne demandent en principe qu’à s’épanouir.


LES « ENTRAÎNEMENTS EN HUIT CATÉGORIES.




  Il existe ainsi des entraînements portant :
1)  Sur la compréhension avec les philosophies ésotériques, les nombres, les tarots, la kabbale et certains systèmes de mathématiques.
2)   Sur la compréhension, l’affectivité et les exercices physiques avec une catégorie déterminée de yogas.
3)  Sur le seul physique, sur la seule affectivité ou sur la seule compréhension avec trois autres catégories de yoga.
4) Sur l’affectivité et la foi avec l’ensemble des ascèses religieuses qu’elles soient orientales ou occidentales.
5)    Sur la volonté avec le fakirisme.
6)  Sur la compréhension et des pratiques de plus ou moins haute magie avec l’hermétisme et certains spécialistes de la kabbale.
 7)  Sur la sexualité avec deux ou trois yogas tantriques qui n’ont pas hélas, fini de faire des ravages.
  Etc, etc...
         Il existe même un système basé sur la ruse, celui de Georges Gurdjieff,* qui enseignait à Fontainebleau avec autant de fantaisie que de poigne, et dont la science, d’ailleurs, était sur des points fort remarquable.
  Tous ces entraînements utilisent, soit les élans du cœur, les curiosités et même les perversions de l’intelligence, soit la visualisation, la concentration, la méditation, voire les sons et les musiques, soit des formules destinées à créer des états obsessionnels ou à déterminer des zones favorables de vibration, soit encore des drogues stupéfiantes capables de provoquer des « sorties » en astral, soit des procédés hypnotiques, érotiques, etc...
Reste enfin à mentionner :
        8)  
les systèmes à proprement parler mystiques : Steiner, Darrel,
Sédir, Mme Guyon (qui a donné en cent pages mille fois plus de substance que n’en donne mille volumes de « Shris » ou de « Suvamis » importés des Indes), Barbarin, le Docteur Lefébure, etc., et, bien entendu, l’Unistisme, lequel à l’opposé de ce qu’on pense ordinairement de ces sortes de systèmes, s’avère essentiellement scientifique, ne tient compte que des faits les plus solidement établis et raffine à tous égards sur les matérialistes les plus pointilleux et les positivistes les plus stricts.


(* lien vers cahiers de l'unitisme n°2 Gurdjieff était trop grand pour nous)
 

« QUI VEUT, GUÉRIT ET GUÉRIT… »


 
  Nous reviendrons évidemment sur les pouvoirs, que nous étudierons de plusieurs points de vue, notamment du point de vue des guérisons supra normales dont nous préciserons le mécanisme, les conditions et la technique en nous appuyant sur un ensemble de données scientifiques dégagées par Einstein, de Broglie, Lecomte de Nouy, Picard, etc. etc.
  On sait que l’Unitisme affirme et prouve, à l’exemple de la Christian Science, mais avec cette différence qu’il explique comment les « miracles » peuvent être déclenchés, qu’il n’appartient qu’aux hommes de se mieux porter au physique aussi bien qu’au mental et de vérifier chaque jour la vérité de ce slogan : « qui veut,  guérit et guérit » !

 

ABÎMES ET NUANCES…



 
  Revenons maintenant à l’examen de nos buts…
  Nous avons vu le cas de ceux qui se lancent à la recherche des moyens de puissance et de surpuissance et nous ne l’avons d’ailleurs vu qu’en partie. Nous en achèverons l’examen, à l’occasion d’un autre circuit d’idées, lorsque nous aurons en mains des éléments plus complets de compréhension…
  Passons sur le cas de ceux qui demandent en toute simplicité qu’à s’améliorer, qu’à faire des progrès et du bien. Avec ceux-là, aucune question particulière n’est à poser, il suffit de les féliciter de leurs bonnes dispositions et de les mettre en chemin.
  Restent ceux qui veulent « retourner au principe », « se dégager », « se libérer », « pénétrer les mondes invisibles » ou provoquer en eux-mêmes « l’éclosion du sens spirituel »…
  On me dira :
   - Au fond, tout cela revient strictement au même ».
Les mots sont différents, pas l’idée…
  Si l’on veut. Mais il y a des nuances. Et souvent les nuances, qui n’ont l’air de rien au départ, se révèlent à l’arrivée plus profondes que des abîmes…
  Mais commençons par ceux qui veulent…
 
 

QUEL QU’EN SOIT LE NOM, RETOURNER AU PRINCIPE…



 
  Ils parlent d’or, ceux-là, et ils liquident en trois mots toute notre affaire. En aucun cas, d’ailleurs, question ne saurait être mieux posée. Il n’y a plus ensuite qu’à les résoudre. Et justement nous sommes là pour ça. Voilà qui tombe bien.
  Retourner au principe, c'est-à-dire à l’UN. Tous les hommes, tous les êtres et toutes les choses qui sont aussi des êtres, sortent du principe comme tous les chiffres sortent de l’UN, leur Père, notre Père à tous…
  Or, si loin qu’un chiffre ou qu’un nombre, soit de l’UN, il en vient, il en participe et il en vit. Sans l’UN, jamais il n’eut été. Si l’UN venait à lui manquer, il cesserait d’être à l’instant même. Et s’il subsiste, c’est que, peu ou prou, il y a de l’UN en lui. Tout le pythagorisme est là.
  Et les choses, les êtres et les hommes, l’eau qui coule, le feu qui pétille, les arbres de la forêt, le granit des carrières de même que les lunettes que vous avez sur le nez et les chaises sur lesquelles vous êtes assis, tout cela n’existe qu’en fonction, vertu et conséquence du principe, de ce principe que certains appellent la « Cause sans Cause », l’Essence, le Non-Manifesté ou le Vide, et que certains autres appellent l’Absolu, l’Inconditionné, l’Impensable, l’Eternel, l’Immobile, le Naturant, le Moteur Universel, Dieu, ou tout simplement : Cela…
*
*      *
  Voici qui est un peu bien philosophique, n’est-ce pas ? Traduisons en langage intelligible :
  Nous dépendons tous, choses et gens, d’un principe unique dont la nature exacte nous échappe et nous vivons de sa vie même, grâce à une fraction de sa substance, laquelle fraction se trouve déposée en nous…
  Je simplifie évidemment.
  Je cherche l’image pratique, commode, le terme « moyen ». Et rien ne vous empêche, si vous le voulez, d’appeler reflet ce que j’appelle fraction, ou encore point d’impact ou de synthèse, conscience, nœud central, etc.,etc.…
  On peut même appeler cela l’âme, tout bêtement, encore que certaines écoles bouddhistes en nient la réalité. Et c’est ce que nous ferons désormais, si vous le voulez bien, pour ne pas trop nous compliquer la vie.

 

VISONS À L’UTILE ET NON À L’ÉCLATANT.


 
  Ici, attention…
  Je ne prétends imposer à personne une façon particulière de voir. Je poursuis un exposé et j’assemble d’une façon déterminée, des séries de données qu’on pourrait fort bien assembler d’une toute autre façon…
  Il n’y a rien de dogmatique dans mes propos, rien qu’il faille croire d’office ou admettre d’emblée. L’essentiel est qu’on me suive et qu’on m’accorde qu’il n’y a pas impossibilité, à priori, à ce que les choses soient agencées comme je dis. On verra bien, à la fin, ce qu’il y aura lieu d’en penser.
  Mais ce que je tiens à préciser, une fois de plus, c’est que mon point de vue est pratique avant d’être spéculatif, et que tout mon système –si l’on peut appeler l’Unitisme un système- vise par définition à l’utile.
  Peu m’importe par exemple qu’une idée soit éclatante ou ingénieuse, taillée à facette, calamistrée, ointe et goderonnée. Ce que je veux, c’est qu’elle oriente l’esprit dans la direction nécessaire, c’est qu’elle soit « portante »… Je l’ai déjà dit cent fois. Laissez-moi le répéter une cent et unième fois : je préfère le pain aux petits fours et aux tartelettes amandines.

 

L’ÂME EXISTE-T-ELLE OU N’EXISTE-T-ELLE PAS ?


 
  J’ai touché d’un mot, en passant, à la question de l’âme. C’est une grande question. Et il est assez naturel qu’elle soit des plus discutées.
  Dans l’ensemble, les philosophes en admettent l’existence, certains allant jusqu’à en compter toute une série : âme pensante, âme sensitive, âme végétative, etc.… certains autres allant jusqu’à admettre qu’elle soit un véritable organe, un organe matériel.
  Renouvier, par exemple, disait à ses élèves de Sorbonne, aux environs de 1860, qu’on la verrait parfaitement le jour où l’on disposerait d’assez bons appareils. Et, de fait, des savants américains n’ont-ils pas fait connaître au monde, dans le courant de l’année dernière, qu’ils étaient parvenus à la voir d’abord, à la peser et à la photographier ensuite. Suivaient des descriptions comparables à ce qu’en ont les voyants mystiques et que bien des gens peuvent obtenir par la pratique de l’ascèse unitiste…

 

AUTANT SE JETER À LA SEINE.


 
  Seuls, certains bouddhistes et certains kabbalistes en nient la réalité et, que par ailleurs, affirment que la réintégration, l’accès au Nirvana ou le retour au principe, entraîne la perte de la personnalité…
  L’entrée au Paradis, pour eux, se traduit par une perte de conscience. Ce n’est plus de vie éternelle qu’il s’agit, c’est de mort éternelle. La grande réussite, à les en croire, se traduit par une annihilation. Autant se jeter à la Seine pour s’abriter de la pluie dirait Calinot.
  Les affirmations de ces chevaliers du trépas universel sont fausses, archi-fausses. Et si elles étaient même vraies, quel intérêt y aurait-il à les articuler ?
  On me dira :
- « Mais, monsieur, les intérêts supérieurs de la Vérité !...

 

NOTIONS TONIQUES ET NOTIONS MORTIFÈRES.


 
  Eh ! bien, je vais vous faire une confidence : je ne crois pas aux vérités mortifères. Elles n’existent pas. Et si elles existaient, je n’en voudrais à aucun prix. La vérité, pour moi, est forcément fonction du premier principe, c'est-à-dire de l’Etre, de l’Existence, de la Vie. La Vérité, pour moi, est fille et servante de la Cause sans cause qui ne peut se nier elle-même en dévorant sa propre substance…
  Trêve de bla-bla-bla métaphysique. Soyons pratiques, j’en reviens toujours à cette nécessité, et disons :
  La vérité, c’est ce qui aide à la vie, ce qui la maintient, la soutient et l’améliore…
  Or, les notions d’âme et de vie éternelle sont des notions utiles, claires, toniques. Et c’est ce que nous exigeons d’une idée : qu’elle soit portante, qu’elle soit « montante » et « exhaustive »…

 

L’INTELLIGENCE, CETTE SORCIÈRE.


 
  Le signe de l’esprit est ce qui monte. Et cela se sent, ce qui monte. Le signe de la matière est ce qui descend, ce qui tire vers le bas. Et cela se sent aussi. Pas besoin de longs raisonnements pour s’en convaincre.
  Il y a heureusement dans l’homme une intuition sacrée qui s’insurge parfois contre l’intelligence, cette sorcière plus souvent au service du pire que du meilleur, cette sorcière dont toutes les œuvres sont réversibles et comportent immanquablement la fatalité du mal à côté de la possibilité du bien.
  Pasteur découvre les microbes et guérit des malades. Voilà le bien. D’autres viennent en suite, s’emparent de sa découverte et créent la guerre microbienne. Voilà le mal. Et qu’est-ce donc, tout cela, sinon l’œuvre de l’intelligence, toujours vénéneuse par un certain endroit ? Il y a quelque chose en nous, heureusement, qui se refuse à l’adoration, à la déification de cette maléficieuse capacité de servir aussi bien dans le noir que dans le blanc, « contre » aussi bien que « pour », et c’est l’intuition, ce quelque chose, l’instinct même de la vie au travers de quoi nous parle l’instinct de la vérité.
 

NOTRE CHOIX EST FAIT


 
  Il y a des idées qui écrasent et des idées qui portent. Il y a des idées qui tuent. Et il y a des idées qui dispensent des surcroîts de vie.
  Notre choix est fait.


 

IL Y A UN ORGANE DU BONHEUR.


 
  N’est-il pas affreux que des hommes s’ingénient à détruire ce dont on vit, justement, au profit de ce dont on meurt ?
  La notion de l’éternité à laquelle nous sommes promis est une notion féconde, surtout si on la complète de la notion de joie éternelle et surtout encore  - qu’on veuille bien prendre garde à ceci, qui est capital – si l’on a soin de se dire que l’éternité « est déjà commencée », que nous sommes déjà en pleine éternité et que, cette joie impérissable, nous devons dès maintenant, nous attacher à la conquérir…
  On a tendance à renvoyer à plus tard, à se dire : après, dans l’autre vie…
  Il n’y a pas d’autre vie. Il n’y en a qu’une. Et ce que nous n’aurons pas commencé ici, il est bien évident que nous ne l’achèverons pas ailleurs.
*
*      *
  Soyez-en convaincus :
  Le devoir est de trouver la joie et de la trouver le plus rapidement possible, de la trouver pour soi et pour les autres, pour la « rayonner » et pour la « diffuser », pour l’échanger, pour en révéler à tous ceux qui cherchent et qui souffrent les merveilleuses recettes et les merveilleux secrets… Qu’on ne me dise pas :
-  Bien jolie cette théorie. Mais il faut pouvoir le trouver le bonheur. N’est pas heureux qui veut…
  Si. Il y a en chaque homme un organe destiné à produire la joie, quel que soit son âge ou ses conditions de vie, même s’il gémit sur un grabat en quelque misérable taudis. Et cet organe ne demande qu’à remplir son office. Il suffit que l’homme soit conscient des petites données dont nous sommes précisément en train d’effectuer le recensement et l’inventaire…

 

LE « POINT » DE DIEU EN NOUS…


 
  Quant à la notion d’âme, elle est une notion que nous pouvons comparer à une poignée et à un levier.
  A une poignée parce qu’elle nous servira à nous manipuler nous-mêmes, parce que, grâce à elle, nous saurons par où nous prendre et nous tenir bien en mains.
  De levier, parce qu’elle nous servira à manipuler une foule d’autres notions…
  Or, cette âme, en attendant de savoir mieux ce qu’elle est –ce que nous aurons par la suite à étudier en détails- nous la concevrons le plus simplement possible, comme le centre animique de notre être, comme le point où se fait l’unité de notre moi, le point où luit en nous le reflet de l’Absolu.
  Et voici, très schématisé, ce qu’enseigne l’ésotérisme unitiste, se fondant en cela sur des données expérimentales.
  C’est par ce point –le point de moi en Dieu, disent certains mystiques, ou le point de Dieu en moi- que l’homme se trouve lié :
1)       A la masse animique de l’Univers, à l’âme du monde si l’on veut, ou encore à la conscience cosmique pour utiliser une terminologie à la mode.
2)       A l’absolu.
  Et si l’on veut réussir le rétablissement, et si l’on veut trouver la joie et la vérité, ce qu’il faut, c’est prendre conscience de ce point.
« Connais-toi toi-même » disait Socrate, après Zoroastre et les hermétistes.
 

PLUS PRÈS QUE VOTRE SOUFFLE…


 
  Et le Christ :
« Cherchez au-dedans de vous-mêmes… Plus près de vous que vos mains, plus près de vous que votre souffle… Le royaume de Dieu est au-dedans… »
  Au-dedans !...
  Tout le mal nous vient de l’extérieur. Hors de nous-même  – sauf si l’on a pris le chemin de la qualité, qui passe d’abord par l’intérieur - nous ne trouvons que confusions, gâchis et chocs. Mais si nous parvenons à découvrir ce point en nous, du même coup, nous apprenons à nous connaître et à connaître Dieu, du même coup, nous découvrons notre essence et que cette essence est celle de l’Absolu, et « l’union » s’effectue d’elle-même, automatiquement, apportant la lumière et la félicité…
*
*      *
 Ici, plusieurs indications doivent être données et retenues.


LA MASSE, LES APPELÉS ET LES ÉLUS…

 
  Ces sortes de réussites, pour une raison que nous verrons plus tard, sont généralement progressives. En marche habituelle, on ne passe pas brutalement d’un plan à un autre… on cite des cas d’illumination subite : Saint Paul, Ramakrishna, etc... Mais il y a une question d’optique, ou mieux, de relativité…
  Un beau jour, on fait une découverte qui correspond par exemple au passage d’une pièce éclairée par une chandelle à une pièce éclairée par une lampe de cent cinquante bougies. On a évidemment l’impression d’un changement prodigieux. Mais il reste encore pas mal de chemin à parcourir avant qu’on puisse, avant qu’on soit en état de bénéficier d’une clarté comparable à celle que donnerait le soleil s’il était à vingt mètres de nous.
En fait, l’évolution s’accomplit suivant le petit dessin que voici :
            

 


 
  Le triangle hachuré a.e.b., représente les couches d’ombres et d’erreurs à quoi nous devons nous soustraire et, aussi longtemps que nous demeurons dans le gros du contingent humain, nous nous trouvons dans la première case, celle du troupeau, du bétail, du cheptel. Dans la marmite, si vous préférez, dans le panier de crabes…
  Un jour intervient l’appel. Si nous l’entendons et faisons un effort pour y obéir, nous passons dans la deuxième case, où il y a encore beaucoup de monde.
  Et le travail commence…
  Si nous ne réussissons pas, nous sommes renvoyés à la marmite, à moins que ce soit plus loin, beaucoup plus loin, dans les flammes qui lèchent la marmite et sont chargées de liquider ce qui n’est décidément bon à rien...
  Si nous réussissons, nous passons au rang des élus et nous avons droit à l’air libre. Reste encore à parcourir le tracé c.b. pour parvenir à l’échancrure qui donne sur l’Absolu…


CES HOMMES QUI NE SONT QUE DES MACHINES…




  Parlons encore de l’âme, voulez-vous ? Car il y a un détail qu’il faut qu’on sache. Et quand je dis un détail… Enfin, vous allez voir :
  Nous croyons tous, sur la foi des enseignements reçus, que tous les hommes ont une âme. Et c’est exact en ce sens que tous ont une âme d’où résulte leur unité animale. Mais tous n’ont pas une âme susceptible de les unir à l’Absolu. Tous n’ont pas, en d’autres termes, un reflet de l’Absolu en eux…
  Ils sont comme des machines, ceux-là, comme des machines qui peuvent être très intelligentes, mais ils ne sont que des machines. Le spirituel leur est fermé. Et ceci explique que pas mal de gens s’avèrent incapables d’en tenir compte, voire de l’admettre et de ne pas s’irriter lorsqu’on en parle.
  Ces gens là –qui peuvent être d’excellente moralité, bien que ce soit assez rare- sont des robots, des robots supérieurs, si l’on y tient, mais rien d’autre…
  Faut-il les plaindre ?
  Non… Ils n’ont pas et ne peuvent pas avoir une existence réelle. Ils ne sont que matière et entièrement conditionnés. Pas plus qu’un phonographe, ils ne savent qu’ils vivent. Et l’on ne peut même pas dire qu’avec eux s’éteindra une lampe car il n’y a pas en eux la moindre lampe…


AMES À CRÉDIT.



 
    Et les autres, ceux qui ont une âme ?
  C’est ici qu’il faut bien tendre l’oreille. C’est ici que la question devient aiguë et pour certains, je le sais, angoissante et même torturante. Il est cependant nécessaire que je vous dise le vrai que voici :
  Personne ne possède, par droit de naissance, une âme immortelle et inaliénable. Ce que nous possédons, c’est une « possibilité d’âme immortelle ». Mais il faut la mériter cette âme, mais il faut la gagner pour en devenir à jamais le titulaire et le bénéficiaire…
  N’est-ce pas dans ce sens que le Christ a conseillé aux hommes de « s’amasser des richesses dans le ciel » ? Et il a ajouté : « Prenez garde, on enlèvera à ceux qui n’ont pas assez, pour donner à ceux qui ont trop… »
 En cela encore la loi primordiale est celle de l’effort et du mérite.      
 Nul ne peut prétendre à la propriété de ce qu’il n’a pas payé.

 Et nos âmes, en somme, ne nous sont données qu’à crédit.
 Faute de versements utiles, le magasin les reprend...

 
*
*      *
 
  Revenons aux formules qui servent ordinairement à définir le but, à celles en tout cas que nous n'avons pas encore examinées : se dégager, se libérer, pénétrer dans les mondes invisibles, provoquer en soi l'éclosion des sens spirituels... Et commençons pas la première :  
 
 

SE DÉGAGER ?
IL FAUT S’ENTENDRE…



 
  Se dégager de la matière, je suppose ? Échapper aux glues de l’erreur et de l’égoïsme ? Soit.
  Mais on voit mieux maintenant, je l’espère du moins, l’opération qui doit être réalisée et qui consiste, non pas à se dégager en tant qu’être global, physique, mental et spirituel, mais qui consiste d’abord à dégager son âme ou sa possibilité d’âme, son reflet, autrement dit : à en prendre conscience… vous allez mieux comprendre :
  Imaginez que vous soyez au fond d’un puits où tentent de vous retenir toutes sortes de boues et bêtes agrippées à vos basques et à vous chausses. Vous pouvez peut-être vous en tirer par vos propres et seuls moyens, à la force des reins et des poignets, en vous élevant comme le faisaient au temps jadis les petits savoyards dans les cheminées qu’on leur donnait à ramoner…
  Mais vous avez un autre moyen, plus pratique, plus rapide et plus sûr, lequel est d’appeler l’Absolu à votre secours en dégageant votre âme ou votre reflet… comment cela ?
  En en prenant conscience, tout simplement… je vous l’ai dit : le fait de découvrir Dieu en soi établit immédiatement un contact, un circuit. Dès lors, vous êtes branchés, soutenus, aidés, gagnants…
  Une étoile s’est allumée pour vous. Une corde vous porte et va vous tirer…

LE DIAMANT ET L’ASCENSEUR.



 
  Il ne faut donc pas chercher à se dégager en bloc, avec armes et bagages, mais seulement à dégager, disons : le diamant qui repose au fond de notre cœur, ce qui équivaut à trouver le Royaume du Ciel et à bénéficier de ce « reste qui vient par surcroît »…
  Ce diamant est enrobé de gangues. Je vous dirai plus tard ce qu’elles sont et comme on les attaque, comment on les fait sauter par larges écailles, à grands coups de maillet ou comment on les dissout par l’utilisation de détersifs appropriés…
  Et c’est là le miracle de l’ascenseur substitué par le Christ à l’échelle du bon Jacob et à la corde à nœuds de Mrs les Indous et Tibétains.


NOTRE VOLONTÉ ? UNE POUSSÉE DE CRABE AU FOND DE L’OCÉAN.



 
   Ce n’est assurément pas moi qui déconseillerai l’utilisation de la volonté. Je prône trop la stricte observance de la loi de l’effort, quelquefois même de préférence à la loi d’amour. Et je ne pense pas être suspect de mollesse ou de nonchalance.
  Mais je veux préciser un fait : si fort que nous la tendions et la déployions, cette admirable volonté, elle n’a jamais beaucoup plus de valeur et d’effet, au regard de celle de l’Absolu, qu’une poussée de crabe au fond de l’océan. Et c’est ainsi que ceux qui prétendent gravir la côte par leurs seuls moyens, -fakirs, yogis, hermétistes ou magistes- commettent une erreur grossière…
  S’épouiller un à un de tous ses défauts, de toutes ses erreurs et de toutes ses tares ? Impossible. Je suis à cet égard de l’avis des catholiques et des protestants, surtout des catholiques. On ne peut aboutir en ce labeur géant qu’à la condition d’être aidé.
*
*      *
  Imaginez un homme vivant dans un cachot ignoble et couvert de poux du cuir chevelu à la plante des pieds… parviendrait-il à s’en débarrasser en les faisant un à un craquer entre ses ongles ? Assurément non…


LE COUP DE FLY-TOX…



 
  Eh ! bien, étant donné le milieu où nous vivons actuellement et ce que la civilisation a fait de nous, nous sommes tous quant aux tares et aux défauts, dans l’exacte situation de l’homme aux poux.
  Il n’y a pour nous dépouiller qu’une solution : le coup de fly-tox.
  Et dès qu’on est branché, c’est Dieu qui le donne…


SE LIBÉRER ? LÀ ENCORE, IL FAUT S’ENTENDRE.



 
   Oui, mais là, il n’y a qu’une façon de parler. Et ce qu’il faut qu’on sache, c’est qu’on ne se libère jamais.
  Là aussi, comme pour l’illumination, il y a une question d’optique et de relativité. On accède à des zones plus subtiles, où l’air est plus ténu et plus vivifiant. Tout est comparativement moins lourd. On éprouve un sentiment d’euphorie…
  Mais n’y aurait-il plus de lois, là haut, plus de travaux à effectuer, plus d’obligations ? Le spirituel a ses lois comme la matière. Il a même ses gendarmes et ses juges. Et l’on échappe à celles-ci que pour tomber sous le coup des autres, qui sont à vrai dire plus légères et moins nombreuses.
Et puis, il y a la joie.
  Quand au code de là-haut, il y a un nom : harmonie, et la contrainte n’est pas trop cruelle puisqu’elle est uniquement de jouer juste et de contribuer ainsi au maintien de cette harmonie dont précisément, la félicité découle… (Je parle par images, bien entendu. N’allez pas prétendre que je conçois les plans supérieurs comme une immense salle Pleyel où les élus, rangés à la droite d’un chef de chorale éternel et barbu, passent leur temps à chanter des cantiques.)


ACCÉDER À L’INVISIBLE.



 
   C’est ce qu’on parvient à faire par la voyance et le dédoublement. Et certaines personnes, je le sais, me reprochent d’en enseigner les secrets et les moyens, assurant que je forme ainsi plus de magiciens noirs, que de mystiques blancs… qu’en savent-elles, ces personnes ?
  Qu’elles daignent en tous cas écouter mes raisons…
 Voyance et dédoublement sont des pouvoirs qui apparaissent spontanément, j’ai dit de quelle façon, à un niveau déterminé de la montée vers l’Absolu. Je ne fais donc qu’en hâter la venue. Et dans quel but ? Qu’on me permette de détailler…


ECLOSION DES SENS SPIRITUELS.



 
  Je viens d’en parler à propos de la pénétration des mondes invisibles. Mais je veux en parler encore afin d’aborder la question sous un tout autre angle, ce qui nous permettra d’inventorier une catégorie d’idées et de données qu’il est important de bien connaître. Et je crois que pas mal d’entre vous en seront enchantés. Car ceci va m’amener à vous fournir, sur la trop fameuse Kundalini, une série de précisions que vous ne trouverez en aucun livre…
 Mais il faut auparavant que nous procédions à une petite récapitulation et que je vous fasse un petit dessin au tableau noir…
  La récapitulation, au demeurant, sera fort courte :


SORTIR DE LA MARMITE.



 
  Quelle est la meilleure formule qu’on puisse donner du but que nous poursuivons ici ?... La meilleure, je ne sais pas. Mais l’une des meilleures est assurément celles des Chinois : échapper à la roue des naissances.
  Et nous dirons plus simplement encore, si vous le voulez bien : sortir de la marmite.
  Il se peut que l’image manque d’élégance. M. Marcel Proust ne l’eût pas signée. Mais elle dit bien ce qu’elle veut dire. Elle est « parlante ». Bref, passons au dessin :


SCHÉMA N° 1.
 



 
  J’ai déjà parlé de tout ceci, voici quelques temps, en ayant recours aux éléments que nous fournit la tradition. J’ai tiré sans retenue les vieux accessoires de leur placard : les anges rebelles, le serpent, le Prince de ce monde, etc. et j’ai eu tort.
 Ce n’est pas que les éléments traditionnels soient sans signification ou que l’étude des « accessoires » ne puisse plus rien nous apprendre. Mais on les a utilisés de façons divergentes ou contradictoires. Il faudrait d’abord les « restaurer », leur restituer leur sens ou leur physionomie véritable. Et il sera plus court de ramener notre petite histoire au schéma que voici :
   
                                                              

HYPOTHÈSES DE TRAVAIL.



 
 En haut, à droite, un grand A. vous l’avez tous deviné, c’est l’Absolu.
 De l’Absolu part un rayon – le rayon de la création - lequel, à un moment donné, s’arrête et prend conscience de lui-même… oui, je sais : scientifiquement, cela « ne tient pas »
 Et après ?
 Je ne vous ai jamais dit que j’allais vous révéler les secrets de l’univers en vingt-cinq conférences et trente coups de craie.
*
*      *
  Ce que je vous ai toujours dit et ce que je vous répète, c’est que j’allais vous donner une occasion de découvrir, en vous-même et par vous-mêmes, une vérité qui n’a pas de prix.
  Est-ce ma faute si cette vérité ne se laisse approcher que par des biais et des tangentes ? Est-ce ma faute, si nous ne pouvons parvenir à l’appréhender et à la vivre que peu à peu, en en saisissant un reflet ici, à la faveur d’une image forcément inexacte par un certain côté, et un autre reflet un peu plus loin, à la faveur d’un schéma forcément arbitraire à un certain égard et, pourtant discutable ?
  L’essentiel est d’aboutir n’est-ce pas ?
  L’essentiel est d’arriver au but. Eh bien, qui veut arriver au but doit accepter le chemin.
  Et le chemin, dans la contrée que nous sommes en train de traverser, est celui des hypothèses de travail…
  Ne suffit-il pas qu’à la fin  – et cela je vous le garantis -  nous soyons à même de vérifier le bien fondé de nos hypothèses, non à la lettre, évidemment, mais en substance et en esprit ?...


Y A-T-IL EU PÉCHÉ ORIGINEL ?



 
   Reprenons notre schéma…
  Donc, un rayon parti du grand A est venu percuter en petit a. Il a pris conscience de lui-même (un rayon de l’Absolu comporte toutes les possibilités de l’Absolu) et un univers est né, c'est-à-dire : une race, un monde  – en ce qui nous concerne : le monde adamique…-
  Ici, nous pourrions faire intervenir la notion, chère aux églises, de la faute originelle, de la désobéissance et du péché. Nous pourrions même ressortir du placard aux accessoires « dame pomme » et « messire serpent »…
  Cela nous encombrerait.
 Et d’ailleurs, y a-t-il eu faute ? Ce n’est pas certain. Et s’il y a eu faute, la question se pose de savoir si cette faute n’était pas nécessaire, fatale, voulue par l’Absolue ? Passons… Nous pourrions étudier ce point, qui présente plus d’intérêt qu’on ne le croirait à première vue, mais aujourd’hui, cela nous détournerait de notre chemin…
 


PROCESSUS DE LA PRISE DE CONSCIENCE.


 
  Le père Adam, donc, nous venons de le poser en fait, a pris conscience de lui-même… et comment a-t-il pris conscience de lui-même ?
  Comme nous le faisons tous en nous heurtant à ce qui n’est pas nous… D’où nous vient en effet la notion de notre corps d’abord, de notre mental ensuite ? D’où nous vient en résumé la notion de notre moi ? Des chocs que nous recevons de l’extérieur ou des résistances que l’extérieur nous oppose.
  De rien d’autre…

  Et dès l’origine des temps, ce processus de la prise de la conscience par la résistance et le choc a donné lieu à un monde régi par la loi d’opposition…
  Le choc appelle le choc. Si l’on nous frappe, nous frappons. Ne faut-il pas se défendre ? Et voilà comment notre terre est devenue celle de «  l’œil pour l’œil » et de la « dent pour dent », du heurt, de l’égoïsme, de la brutalité.

 

RECOURS À L’ABSOLU.


 
  J’ai tracé une série de petits « x » dans mon cercle figuratif du monde adamique. Et peut-être vous êtes-vous demandés ce qu’ils représentent… Eh bien, ils représentent, au choix : des races, des continents, des nations ou des hommes, c'est-à-dire, en ce dernier cas, des frères. Et tout cela, hommes, races ou continents, ne peuvent que se heurter, s’entre-tuer, se dépecer et se dévorer. N’est-ce pas la fatalité incluse au processus même de notre prise de conscience ?...
 On peut dire, à cet égard, que nous sommes avant tout des victimes. N’est-ce pas la nature fondamentale des choses qui nous impose ce destin, c’est la nature relative.
 Et si nous voulons en sortir, il faut aller plus loin, justement, il faut aller jusqu’à l’Absolu.

 L’Absolu est notre unique recours.
 Et le Christ le savait bien qui nous a révélé la seule technique capable d’un aboutissement.
*
*      *
Je dis bien : la seule… On ne tardera pas à voir comment, en quoi et pourquoi…
 

L’APPORT DU CHRIST.

 Qu’a fait le Christ ?
 Il a enseigné aux hommes et en clair :
I
 Que, par delà le « principe » de leur univers, ils relevaient d’un autre « principe », le premier de tous, la Cause sans cause, l’Etre des êtres, l’Absolu.
II
 Que ce premier principe, qui était amour au lieu de haine, pardon au lieu de vengeance, harmonie au lieu de chaos, joie au lieu de souffrance, intelligence au lieu de bêtise, ne demandait qu’à manifester sa puissance en leur faveur, ne demandait qu’à les accueillir en son royaume.
III
  Qu’il suffisait pour cela de tourner le dos au principe second (ou troisième, ou quatrième, ou cinquième) et de se vouer à lui dans des conditions définies…
 

UNE MÉCANIQUE… ET QUI MARCHE…

 

 
 S’agissait-il d’un petit bla-bla-bla académique, d’un discours ministériel, d’une série de considérations philosophiques purement spéculatives ?
 Répétons-le, car on ne le répétera jamais assez : il s’agissait bel et bien d’un enseignement pratique, il s’agissait bel et bien de la révélation, à la fois d’une mécanique positive et de son fonctionnement, d’une mécanique faisant partie de l’organisme humain et d’une mécanique qui marche !....
 

AH ! LES BONS APÔTRES QUE VOILÀ !


 
  Qu’on ne me dise surtout pas que d’autres ont procédé avant le Christ à ses révélations… Où voit-on, par exemple, que le Bouddha, ou Zoroastre, ou les anciens Indous l’aient donné, le secret de cette mécanique ?
  Peut-être l’ont-ils connu. Encore faudrait-il, pour m’en convaincre, m’en apporter d’autres preuves que les systèmes yoguiques ou fakiriques, lesquels sont aussi compliqués que le système christique est simple.
  Et où voit-on davantage que le procédé majeur, celui de la recherche du Royaume de Dieu, soit indiqué par les « maîtres » du Gange ou de l’Himalaya ? Où voit-on qu’il soit question, chez ces messieurs, de la joie portante et du reste qui vient par surcroît ?
  A supposer que les « Grands Initiés » des collèges indous dont certaines écoles modernes prétendent qu’ils ont instruit et formé le Christ, aient possédé cette fameuse recette, l’ont-ils communiquée aux hommes, à tous les hommes ?
  Pas qu’on sache.
  Si donc ils l’ont possédée, ces bons apôtres, ils l’ont soigneusement gardée pour eux.
 

RETOUR AU PRINCIPE.


 
  Donc, le Christ a rétabli le lien entre les hommes et leur principe. Il a fait une trouée dans le cercle. Il a rompu le charme et brisé la fatalité, et donné à chacun de nous une chance, sa chance d’échapper à la marmite… C’est ce qui me permet maintenant de compléter mon dessin d’un trait que voici…
 
                                                                                                                                          
 
 
Vous voyez ?
  Je prends l’un de mes x au hasard. Je mets un petit h à côté, histoire de le baptiser… Petit h dans mon algèbre, cela veut dire homme. Mon x est donc devenu un homme et, de lui à grand A, je tire un trait figuratif de la réintégration, un trait bien droit qui symbolise la possibilité absolument directe de retour au Principe que nous a donné le Nazaréen...
 

ABOLITION DE LA MAGIE… AIMANTATION DE LA VOIE…


 
  J’indiquerai pour mémoire, sans vouloir m’étendre, ce qui nous entraînerait trop loin, que le Christ a aboli les anciennes magies en les rendant, par un autre acte occulte, d’une pratique beaucoup plus difficile et périlleuse. Il en a changé la polarisation… Avant lui, les secrets de la haute magie se trouvaient dans la magie même. Maintenant, ils se trouvent dans l’union au principe et c’est la mystique seule qui en possède les clés…
  J’indiquerai encore, pour en terminer sur ce point, que la voie christique est « aimantée » dans le bon sens alors que les autres le sont assez souvent dans le mauvais, et qu’elle est la seule où le pèlerin, à un moment donné, se voit pris en charge et « est porté ».
 Vais-je encore vous parler de l’ascenseur ? Ce n’est pas la peine, je pense. Vous m’avez compris…
 

PRENONS POUR EXEMPLE LA VOIE HERMÉTIQUE…

 
 
  J’allais oublier de vous parler des autres voies qui sont si souvent aimantées dans le mauvais sens. Et cependant, il s’agit d’un assez gros morceau…
  Soyons concrets et prenons tout de suite un exemple, celui de la voie hermétique. Et disons ce qu’on enseignait dans les collèges initiatiques de l’ancienne Egypte…
 

CULTURE DE LA « GRAINE DE DIEU » ?...


 
  On enseignait qu’en tout homme d’une certaine qualité se trouvait la semence, la graine d’un dieu, et qu’il appartenait à cet homme de cultiver sa graine afin d’en réaliser la promesse à son profit… mais il fallait s’élever étage par étage, un peu comme chez les yogis, par une corde à nœuds et à la force des poignets.
  Le premier objectif, puisqu’on partait du plan humain, était de s’assurer une bonne place, après la mort, au plan immédiatement supérieur. On devait s’arranger pour y devenir roi et prêtre, sinon les deux à la fois…
  Il s’agissait ensuite, si l’on avait réussi sa petite opération, de la réussir encore en passant du plan 2 au plan 3, et ainsi de suite jusqu’au sommet de la Pyramide, c'est-à-dire, jusqu’à ce que l’on se fût assuré la première place en tête de la cohorte adamique.
  Une fois là, il n’y avait plus, au choix, qu’à postuler pour la royauté d’un univers plus vaste ou qu’à faire un petit saut aux basques de l’Absolu pour lui demander un poste de conseiller technique au service central…
  Il se peut que cette présentation du substrat de l’initiation égyptienne fasse frémir d’horreur les égyptologues patentés et les hermétistes de librairie. Qu’ils ne m’en veuillent pas de pousser à la caricature et qu’ils se rassurent : je ne ravage pas leurs jardins et je tire mes informations des sectes hermétiques qui se sont perpétuées en Afrique, dans le secret des régions incomplètement explorées, et qui ont, je pense, maintenu intact l’enseignement initial.
 

INITIATION HYPNOTIQUE ET SANS DOULEUR.


 
  Ce sont des sectes d’ailleurs savantes qui pratiquent la magie cérémonielle, prônent la solidarité humaine et obéissent à une morale des plus acceptables… Ces sectes procèdent encore aux initiations rituelles dont voici, en gros, le mécanisme actuel :
  Le néophyte, en pleine cérémonie, alors que déjà les chants magiques lui travaillent l’organisme, absorbe un breuvage spécial destiné à provoquer le dédoublement. Il se dédouble, en effet, et des « maîtres » qui attendent ses corps subtils aux portes de l’invisible, les prennent en charge et les conduisent ça et là, histoire de leur montrer ce qu’il y a lieu d’avoir vu et de savoir pour ne plus douter des réalités transcendantes. Le souvenir de ces réalités, puisque tout s’efface en principe de ce qui est découvert en état de dédoublement, est ensuite rendu au néophyte par un procédé hypnotique… (C’était entièrement par des procédés hypnotiques, disons-le au passage, que les anciens Egyptiens réalisaient la même opération).
 

UN SEUL ENNUI : C’EST UN VIOL DE L’ÂME ET ÇA NE FAIT PAS D’USAGE.


 
 Qu’on me pardonne ce trop long exposé. Mais je voulais dégager les données qui vont maintenant me permettre d’en venir à mon objet :
I
  Tout était magie, en somme, dans l’hermétisme, tout était action de l’homme sur l’homme, et ceci par des moyens illicites…
 L’hypnose n’est-elle pas un viol de l’âme et un crime contre l’Esprit ?... Une âme n’appartient qu’à Dieu et à son titulaire, lequel en est comptable et n’a même pas le droit de la laisser subjuguer, si bien qu’en cette histoire, l’opéré devient aussi coupable de l’opérateur…
II
  Pour l’hermétiste, l’objectif n’était pas, au début, de se réintégrer au Principe supérieur, mais seulement au Principe second. C’était donc aux lois du Principe second qu’il devait obéir, à ces lois qui sont celles de l’opposition, du heurt et de la force, nous l’avons vu par ailleurs.
  Il restait donc prisonnier du cercle fatidique, de ce cercle dont les prêtres connaissaient parfaitement la nature au surplus, puisqu’ils en avaient adopté, pour symbole, le fameux serpent qui se mord la queue, de ce cercle qui délimitait l’Empire du Prince de ce Monde…
*
*     *
  Je sais bien que, par un effort des plus louables, l’hermétisme s’employait à policer les mœurs et à démontrer aux hommes les avantages de l’entraide, de la douceur et de l’harmonie. N’empêche qu’on laissait subsister l’avidité comme moteur essentiel, puisqu’on incitait les fidèles à conquérir des avantages, non seulement dans cette vie-ci, mais dans les autres, et des avantages d’ordre matériel !...
Et voilà ce que j’ai appelé – à tort d’ailleurs, car il aurait fallu que d’autres mots me viennent à la bouche - une mauvaise aimantation…
 

C’EST DONC BIEN LE CHRIST
QUI DEMEURE LE PLUS GRAND…


 
  Résumons :
 Les hermétistes ne connaissaient qu’une voie de retour ou de salut : celle qui, montant péniblement et lentement, étape par étape et pallier par pallier, passait par le Prince et nécessitait un laborieux travail de magie, un douloureux travail contre les volontés du principe suprême…
 La voie directe leur était parfaitement inconnue.
 A plus forte raison ignoraient-ils la recherche du Royaume de Dieu et les avantages qu’elle comporte pour ceux qui réussissent à trouver la mystérieuse entrée…
 Les Indous, eux, connaissaient la voie directe.
 Mais il ne semble pas qu’ils se soient jamais avisés du plus simple de tous les yogas, nous l’avons vu, celui de la réintégration par « la joie portante ». Ou alors, s’ils s’en sont avisés, ils l’ont jalousement conservé pour l’usage des collèges, ce qui, d’ailleurs, ne coïnciderait pas avec les exigences de la loi d’amour et serait imputable à un crime.
  C’est donc bien le Christ qui demeure le plus grand, le plus haut et le plus complet des initiés et des initiateurs.
*
*      *

« JE SUIS LA VÉRITÉ, LA VIE ET LE CHEMIN ».


 
 N’avait-il donc pas le droit de le dire, qu’il était la vérité, la vie et le chemin ?...
 Je m’excuse, mais il me semble bien que si…
 Et pourquoi ajoutait-il que quiconque voudrait rejoindre le Père devrait passer par lui ?
 Qu’on m’excuse encore : mais probablement parce qu’il était le premier à savoir qu’il n’y avait pas d’autre brèche que la brèche faite par lui, pas d’autre voie que sa voie, pas d’autre possibilité de vie éternelle que celle qu’il avait su nous conquérir…
*
*      *
 

QUELQUES POURQUOI.


 
 Peut-être jugera-t-on que je me suis trop étendu sur ces divers points encore que je n’ai pas dit le centième de ce qui serait à dire. Mais on le verra par la suite : ceux qui m’auront suivi avec attention n’auront pas perdu leur temps.
 Nous avons mis en place, sans trop y songer, une série d’éléments de travail qui feront base et nous seront infiniment précieux lorsque nous aborderons la partie pratique et expérimentale de nos études, à la partie, si je puis dire, de réalisation…
 C’est en ces éléments de travail que nous trouverons le pourquoi de la « brisure du souffle » si chère aux Indous - et que nous ne pratiquerons d’ailleurs pas - le pourquoi de la rétroversion, de la marche à reculons et de ce fait que, dans la syncope, les yeux se révulsent en divergeant alors que, dans la mort ou dans la sainteté, ils se révulsent en convergeant…
 

LE CIEL NE RATE JAMAIS LES DÉLINQUANTS.


 
  Nous parlerons de la Kundalini dans quelques instants. Que les adorateurs de cette belle pin-up se rassurent : cette fois-ci, c’est vrai… Mais il faut auparavant que je réponde à quelqu’un qui m’a écrit les lignes suivantes que je viens de trouver entre la carafe et le verre d'eau .(1)
 « Je cherche depuis pas mal de temps, sans succès et je suis partisan de me faire initier comme on le fait chez les hermétistes dont vous avez parlé. De cette façon-là au moins on est sûr d’arriver et c’est un gros avantage pour ceux qui en ont envie… »
 Eh bien, non. Ce n’est pas un gros avantage. C’est une duperie. Les résultats qu’on obtient ainsi ne durent pas. Ils s’annulent d’eux-mêmes.
  Ne l’ai-je pas déjà dit ? Nous sommes ici en un domaine où tout se paye en bonne monnaie, et comptant. Et ne croyez-vous pas que ce serait trop simple si l’on pouvait se commander une initiation valable comme on se commande un demi ou un complet veston ?
 Il y a un chemin à parcourir et on ne le parcourt pas par délégation. Il y a seuil à franchir et on ne le franchit pas sur les jambes du voisin.
(1) Ces lignes sont détachées de la sténographie d'une conférence
 

ON NE SE FAIT PAS REMPLACER.


 
 Il faut comprendre soi-même et non par personnes interposées. Il faut ensuite adhérer librement aux volontés de l’Absolu et prouver par une série d’actes conscients qu’on est capable d’y satisfaire… on ne se fait pas remplacer comme jadis au service militaire. Il faut aller soi-même à la bataille, c'est-à-dire, au sacrifice… ne sentez-vous pas l’impiété qu’il y a à penser autrement ?
 Chacun doit donner son fruit et ne peut être jugé que sur ce fruit.
 Et dites-vous bien ceci :
 Toutes les initiations abusivement obtenues sont un viol du ciel. Et le ciel n’est pas comme la justice de ce monde : il ne rate jamais les délinquants.
*
*      *
 

SERVICES QU’IL NE FAUT PAS RENDRE


 
  Si vous avez en ces matières à monter au premier étage et que vous vous fassiez porter par quelqu’un, soyez bien persuadés d’une chose : c’est que vous dégringolerez tous les deux, ce quelqu’un et vous, et qu’il faudra ensuite que vous remontiez l’un et l’autre, mais les reins cassés…
Un auditeur : - ce quelqu’un sera frappé, lui aussi, même s’il m’a porté pour me rendre service ?...
- Mais oui. Car on n’a pas le droit de rendre des services de cette sorte…
 D’abord, les initiations hermétiques comportent des manœuvres hypnotiques et le fait d’aliéner la liberté d’une âme, fut-ce pour le bien, constitue un crime contre l’esprit…

 Ensuite, que fait-on quand on prend en charge le travail qu’un autre doive effectuer ? On enlève à cet autre sa chance de réaliser le bénéfice que ce travail comporte…
 

LE TAROT ET LES 52 CARTES.


 
 Deux mots encore, pour ma satisfaction personnelle. Je tiens à dire que l’hermétisme, en ce qui concerne sa partie philosophique et métaphysique, est, selon moi, l’une des plus belles initiations qui soient. Et il n’est pas douteux qu’on peut aller fort loin en l’étudiant…
 Il m’arrivera, à l’occasion, du reste, d’appuyer certaines de mes démonstrations par le symbolisme des tarots ou des cartes ordinaires, infiniment plus anciennes que les tarots, et qui nous en apprendront bien davantage encore qu’elles ne soient pas 78 mais 52 seulement.
 

DAME KUNDALINI, FEMME FATALE.

 
 
 Et maintenant, ça y est. Voici le tour venu de la femme fatale… Mais laissez-moi vous le dire tout de suite : le mieux qu’on puisse faire avec cette déesse pétrie d’or fulgurant, c’est de ne pas s’en occuper…
 Laissez-là dormir, cette belle endormie. On ne l’éveille pas sans éveiller ses serpents. Et il est préférable de ne pas avoir à faire à ces animaux-là… Mais il se peut qu’il y ait, dans la salle, des personnes qui ne sachent pas très exactement ce qu’est la Kundalini. Voici donc quelques indications préalables…
 La Kundalini est un « dispositif immatériel » - la médecine occidentale n’a pas encore réussi à l’appréhender -  qui se trouve logé dans les vertèbres coccygiennes (les trois dernières de la colonne vertébrale) et par où, certaines forces, pénètrent en plus ou moins grande quantité dans l’organisme humain, en petite quantité, si le dispositif se trouve en l’état normal, en grande quantité s’il est « éveillé ».
 Et c’est cet éveil que bien des gens, sur la foi de livres venus des Indes, tentent de provoquer par des procédés respiratoires ou sexuels, voire par autosuggestion, visualisation ou récitation de mantras…
 

LES SAINTS, LES MÉDICASTRES ET LE CADUCÉE.

 
 
  Et d’abord, une question se pose : celle de savoir si cette trop courtisée charmeuse de serpents n’est pas un personnage purement hypothétique. Je réponds nettement : non… En tant que personnage, elle n’est que symbolique, évidemment. Mais elle correspond à quelque chose de terriblement réel.
 Souvent, les ascètes parvenus à un certain degré de pureté, se plaignent de violentes douleurs dans la mœlle épinière. On peut en citer plusieurs cas dans l’histoire et même assez près de nous : Le curé d’Ars, Thérèse Neumann, Sainte Thérèse de Lisieux, etc.…
 Et souvent, ces douleurs proviennent de ce que la déesse s’est éveillée et a ouvert toute grande, la porte par où pénètrent les fluides, lesquels fluides déchirent les tissus en s’y forant un passage…

 Le passage, théoriquement, existe. Il consiste en deux canaux principaux et de nombreux canaux annexes qui, partant du coccyx, s’élèvent autour de la colonne vertébrale en s’entrecroisant jusqu’à l’encéphale… n’ayant jamais servi, ces canaux sont fatalement en assez mauvais état lorsque le déclenchement se produit. De là, les douleurs…
 Ainsi que les Indous et les hermétistes, les anciens médecins connaissaient fort bien ces phénomènes et n’ignoraient rien de l’appareil qui en est l’occasion. Et comme ils savaient en outre que cet appareil recèle la clé de l’organisme humain, ils en avaient tiré, en le schématisant, le symbole même de leur profession : le caducée, c'est-à-dire, deux lignes courbes s’entrelaçant autour d’une tige surmontée de deux ailes, soit la représentation exacte de la colonne vertébrale et des deux canaux principaux…
 

CEUX D’HIER

 
  Et les ailes du sommet ? Me demandera-t-on… Eh bien, c’est ce que les anciens médecins ont su : soit qu’au moment de la mort, l’âme s’en va par le vortex, soit que le déclenchement de la Kundalini, lorsqu’il s’effectue dans de bonnes conditions, provoque l’éclosion des facultés spirituelles et, en bloc, une manière d’envol de tout l’esprit…
Peut-être même, et nous avons tout lieu de le supposer, ont-ils possédé l’autre de ces deux connaissances…
 Nous dira-t-on après cela, que la médecine d’aujourd’hui est plus savante que la médecine d’autrefois ? Elle a conservé le symbole. Dommage qu’elle n’ait pas conservé ce qui lui faisait cortège…
 

INITIATION SPONTANÉE.


 
 Vous conterai-je l’histoire de cette dame américaine qui, étant allée à la cave pour y quérir une bonne bouteille, tomba si malencontreusement sur les marches de pierre qu’elle s’y fêla le coccyx ?... Deux jours entiers de coma furent la conséquence de cette chute. Mais au matin du troisième jour, revenant à elle, la dame se crut dans une autre chambre que la sienne, puis dans la cuisine, puis au salon, puis au jardin.
 Elle ne comprenait pas ce qui lui arrivait et il lui fallut un peu de temps pour s’habituer : sa Kundalini s’était mise en marche, provoquant l’éclosion des facultés spirituelles, et la dame constatait en s’éveillant qu’elle voyait au travers des murs !...
 Accepterai-je le martyr pour établir la véracité de cette anecdote ? Ne soyez pas indiscrets, je vous en prie… c’est en tout cas dans l’un des ouvrages de Mgr Leadbeater qu’on la trouve. Et ce n’est pas dans le roman que Mgr Leadbeater s’est illustré...
 

UNE DANSEUSE NUE, FAITE D’OR AU LIEU DE CHAIR


 
 Voici, pour en terminer avec la réalité de la Kundalini, deux détails susceptibles, je pense, de vous intéresser :
 Lorsque le surcroît fluidique est sur le point de se manifester chez quelqu’un, ce quelqu’un, qu’il soit oriental ou occidental, a presque toujours  – et à l’état de veille, bien entendu -  la vision suivante…
 Ce sont d’abord des coulées de lumière très intense, à reflets bleus et mauves, avec, ça et là, des scintillements d’étoiles. Soudain, ces coulées et ces poudroiements de lumière font place à un disque d’or qui, durant quelques seconde tourne à une vitesse prodigieuse, puis, brusquement, s’arrête et s’ouvre, découvrant une danseuse strictement nue, mais faite d’or au lieu de chair et dont la perfection possède quelque chose de surnaturel… De surnaturel et non de céleste ou d’angélique, il faut que je précise car il s’agit d’un type de beauté plus sensible que mystique…
 Bref, la danseuse esquisse deux ou trois pas, renverse le buste en arrondissant les bras au-dessus de sa tête, tend les seins et disparaît…
 C’est fini. Il ne reste plus à l’endroit où reposaient les pieds de l’apparition, qu’une légère vapeur bleutée qui monte doucement. Et tout s’éteint, comme au cinéma lorsque l’opérateur obture la lanterne…
*
*     *
 Contrairement à ce que l’on croit, l’éveil de la Kundalini n’est ni bien compliqué, ni bien difficile à provoquer. Cinq minutes suffisent. Et c’est normal, après tout, puisqu’il ne faut généralement pas plus de cinq minutes pour déclencher n’importe quelle catastrophe…
 Heureusement, les Asiatiques et les Européens qui détiennent le secret ont-ils l’honnêteté de le taire, et, dans l’ensemble, ne s’estimant pas prêts, de ne pas en faire usage pour eux-mêmes…
Un auditeur : « elle offre tout de même bien quelques avantages, la Kundalini ?
 

IDENTITÉ DES FORCES SEXUELLES ET SPIRITUELLES.


 
 Oui, quand on est prêt, quand tout est en place pour la recevoir et en contenir les débordements. Nous parlerons tout à l’heure de ces avantages.
Achevons d’inventorier les inconvénients.
            

I.   LA CLÉ DU MÉCANISME HUMAIN.


 
  C’est en cette Kundalini, nous l’avons dit en commençant à propos du caducée, que se trouve la clé du mécanisme humain, la clé de la vie des individus et aussi de la vie de l’espèce. Une fonction importante lui est dévolue, celle d’assurer la continuité des races.
  Elle est le canal, le draineur de la force animatrice, laquelle est à la fois la force sexuelle, la force intellectuelle et la force spirituelle. Sa nature est triple et tout dépend de la direction qu’elle prend après être entrée dans l’organisme.
 Si elle trouve son chemin vers le haut – et elle ne le trouve que dans des conditions précises que nous étudierons aux paragraphes des avantages - il y a « éthérisation » de l’être entier et éclosion des facultés psychiques d’où résultent les pouvoirs surnaturels. Mais si la voie n’est pas libre vers le haut, elle est bien obligée de chercher une autre issue. C’est au niveau même de son arrivée dans l’organisme qu’elle la découvre. Et il y a hypersexualité…
  Mais hypersexualité morbide, perverse, souvent sadique et qui comporte besoin de violence et de viol, de sang… Si ce phénomène ne donnait que des Don Juan, ce ne serait encore trop rien. Nombre de belles dames s’en féliciteraient sur le moment, quitte à en pleurer plus tard. Mais il donne le plus souvent des Raspoutine… Il est vrai que nombre de belles dames s’en félicitèrent malgré tout…
 

  II.  HYPERSEXUALITÉ, SADISME.


 
Il n’y a d’ailleurs pas qu’en matière de sexualité, en ces sortes de cas, que la bête se déchaîne. La mentalité tout entière de l’individu suit le mouvement et s’exaspère dans le sens de ses plus mauvaises prédispositions. Le comportement emboîte le pas. Et l’on assiste aux excès de ce qu’un romancier a appelé : le mal des ardents…
Il semble dès lors qu’un feu diabolique embrase ces êtres. Non seulement leurs appétits sexuels se déchaînent, mais aussi, leurs appétits de domination, d’argent, de luxe. Ils deviennent insatiables. C’est un feu rongeant qui coule dans leurs veines, leur avidité ne connaît plus de bornes. Seule une camisole de force peut avoir raison d’eux. Et c’est en effet, dans les asiles d’aliénés, le plus souvent, qu’ils terminent leur carrière.

  III.   PARALYSIE, GÂTISME.


 
  En d’autres cas, cet éclatement n’a même pas lieu. Soit que le sujet s’avère physiquement moins résistant, soit que la force, en montant, ravage les tissus ou brûle les nerfs, il y a paralysie, folie pure et simple ou gâtisme prématuré…
En un autre cas encore, dans celui où le sujet parvient malgré tout à se mater et à tenir en bride ses instincts de fauve, il est pour de bien longs siècles perdu pour la spiritualité. Nous verrons pourquoi dans un instant.
 Ouvrons d’abord une parenthèse.

IV.      LA SÈVE EST UNIQUE.

 

Car il n’est probablement pas inutile au passage, de marquer la liaison, l’identité de « l’essence » qui alimente le sexuel, le mental et le spirituel. La sève est unique. C’est par le bas qu’elle arrive. Et s’il n’y en a pas en bas, il ne saurait y en avoir en haut…
Presque tous les grands intellectuels sont de grands amoureux et un certain nombre appartiennent à la catégorie de Mr de Buffon dont deux ou trois accortes paysannes attendaient en permanence le bon plaisir dans une pièce contiguë à celle où il travaillait. Et il n’en va pas autrement pour les grands artistes, musiciens, peintres et virtuoses, ni même pour les tribuns. Témoins : les Danton, les Mirabeau, les Musset, les Rodin… et les Georges Sand. Lorsqu’on a du tempérament d’une façon, on en a de l’autre. Et toujours, la puissance psychique fut proche parente de la puissance tout court…

V.      DE GRANDS YOGIS : NAPOLÉON, BALZAC…


 
  M’opposera-t-on le cas de Napoléon, dont ce paillard d’Anatole France – encore un que j’aurais pu citer - disait qu’il fit gémir le monde faute d’avoir pu faire gémir les paillasses ! On serait mal venu de s’en aviser. Car Napoléon, qui fut un grand yogi sans le savoir et qui disposait de dons exceptionnels, on en conviendra, avait réussi, en ses ardentes veilles valentinoises, une demi transposition Kundalinienne.
 Nous étudierons un jour son cas et aussi celui de Balzac, cet extraordinaire voyant qui a lui-même exposé son affaire dans l’essai autobiographique qu’il intitula Louis Lambert…
 Il était également yogi sans le savoir, tout comme Napoléon. L’usage qu’il fit de l’imagination rejoint celui que les Indous font de la visualisation. Et je sais pas mal d’Européens qui seraient parfaitement inspirés en le prenant pour maître aux lieux et places des Vivékananda ou des Aurobindo…
  Pourquoi aller chercher à l’autre bout du monde ce qu’on a sous la main ? Pourquoi vouloir à toute force bâtir sa maison à Paris ou à Londres, avec des pierres importées de Chine ou du Tibet ?
*
*      *
Autres points de vue, que j’indique pour mémoire, car il faut que nous allions vite :

I. LA SEXUALITÉ ET LE VERBE.
 

 La sexualité, on le sait, est liée à la voix qui, chez l’homme, mue au moment de la formation, phénomène qui ne se produit évidemment pas en ce qui concerne les castrats. Or, la voix est l’instrument physique du verbe, de l’articulation, de la création de la « forme », cette matrice…
Qu’on y songe…

II. LA SEXUALITÉ ET LA PIERRE PHILOSOPHALE.

 
 Et qu’on songe également à la ressemblance de l’appareil kundalinien avec l’athanor des alchimistes. Le voilà bien l’alambic de la transmutation spirituelle. Il est l’instrument essentiel de la transformation du plomb en or, de l’épais en subtil, et de la mort en éternité… La pierre philosophale est là.
  Et aussi l’élixir de jouvence…
 

C’EST LA KUNDALINI QUI NOUS ENCHAÎNE AU PRINCE.


 
 Ceci classé, qu’il me soit permis de vous exposer les raisons pour lesquelles j’ai pu vous affirmer, tout à l’heure, que l’homme en qui la Kundalini se déclenchait prématurément doit,pour de longs siècles, faire ses adieux à toute spiritualité…
 De quoi s’agit-il, en fin de compte, en matière de spiritualité…
 De sortir de la marmite, n’est-ce pas ? De gagner le Ciel ?...
Eh bien, la Kundalini est justement le lien par quoi nous sommes attachés à la terre. Tous les méfaits de ce que les Indous appellent la Maya lui sont imputables. Elle est le filin dont le Prince se sert pour nous maintenir à sa disposition, en état d’esclavage et de servitude…
 On le conçoit maintenant du moins je l’espère : intensifier en soi le courant Kundalinien dans des buts de spiritualité est la plus complète duperie qu’on puisse imaginer. On aboutit exactement au contraire de son souhait. On renforce le lien, on s’enchaîne dix fois, vingt fois plus solidement…
 

FUNESTE MÉTHODE.


 
N’est-ce pas à croire que les Indous ou les Tibétains qui préconisent cette funeste méthode de réintégration travaillent pour le Malin et non pour Dieu ?... Sédir, qui était prophète en annonçant, voici quarante ans, les vagues de yoguisme qui déferlent actuellement sur l’Occident, avait mille fois raison lorsqu’il condamnait par avance, avec des accents pathétiques, tout ce qui n’était pas strictement christique. « Voilà » les faux instructeurs, disait-il. Sachez vous garder des pièges qu’ils vous tendront pour le compte de « l’Ennemi »…
 

LA PLUS ÉPOUVANTABLE HISTOIRE DU MONDE…


 
  Connaissez-vous l’histoire des moutons ? C’est une histoire qu’utilisait Gurdjieff en ses démonstrations. La voici…
  Il y avait une fois – c’était au temps où les bêtes parlaient - un magicien qui possédait un immense troupeau.
 Ce magicien était très méchant et, presque chaque jour, venait à son troupeau, prenait quelques moutons, les emportait et les tuait pour en faire honneur aux gens qu’il invitait à sa table.
 Or, ayant appris le sort qui les attendait lorsque le magicien s’emparait d’eux, beaucoup de moutons décidèrent de prendre la fuite, et la prirent en effet.
 Mais le magicien voyant s’éclaircir les rangs de son troupeau, ne fut pas long à comprendre ce qu’il se passait.
 Ah oui ! Mes gaillards, fit-il, eh bien, on va voir !...
 Et il fit garder son troupeau par des bergers. Mais les bergers ne pouvaient pas avoir les yeux partout à la fois. Des moutons prirent encore la fuite. Et le magicien, furieux, donna des chiens à ses bergers.
 Les chiens aboyèrent, montrèrent les dents, mordirent…
Cela n’empêcha pas grand-chose. Le troupeau continua à s’éclaircir, si bien que le magicien décida de l’encercler d’énormes barrières.
Il le fit.
 Et des moutons trouvèrent encore le moyen de disparaître, car les moutons en ce temps-là étaient futés, malins et finauds. De vrais singes…

 Je crois même – bien entendu, je ne vous raconte pas l’histoire comme le faisait Gurdjieff - qu’ils marchaient debout et qu’ils n’avaient que deux pattes, les deux autres étant des mains…
 Le magicien, des pieds à la tête, tremblait de rage. « Cela ne peut pas durer, grinçait-il du matin au soir et du soir au matin, cela ne peut pas durer !... »
 Il finit par se retirer dans la pièce la plus secrète de son château. Il invoqua ses génies et reparut un jour, le visage tout amène et détendu… Ses génies lui avaient donné une idée : celle de plonger ses moutons en état d’hypnose, de les endormir quoi !...
 

VOUS ÊTES DES HOMMES LIBRES !...


 
Il vint donc parmi eux et leur dit, plein de grâce : « finies les barrières, finis les chiens, finis les bergers !... vous vous garderez vous-mêmes. Pour vous, une ère de liberté commence. Car vous n’êtes plus des moutons. Vous êtes des hommes… »
Il les regardait les uns après les autres, bien dans les yeux, et il poursuivait :
---  Toi, tu es un marchand !... Toi, tu es un juge !... Toi, tu es un seigneur !... Toi, tu es un poète !... Toi, tu es un général !... Toi, tu es une courtisane !... Toi, tu es une matrone !... Toi, tu es un larron !...
 Il conclut :
 -- Et maintenant, allez ! Jouez aux juges, aux seigneurs, aux courtisanes, aux poètes et aux larrons. Allez ! Allez ! Et que la grandeur soit avec vous…



LE MALÉFICE.

 
Dès lors, ce fut terminé. Le magicien put dormir sur ses deux oreilles. Promus à la dignité d’hommes, les moutons se mirent à jouer à l’infernal jeu des hommes. Plus un seul ne songea à prendre la fuite.
Et le magicien, depuis ce jour béni, put à loisir emporter les meilleurs d’entre eux sans même qu’ils s’en émeuvent. Ils ne voient plus. Ils ne savent plus. Leurs yeux sont fermés à la réalité…
Un général disparaît ? C’est la guerre. Un poète rend l’âme ? C’est la maladie. Un larron est pendu ? C’est la justice. Une courtisane décède ? C’est l’amour. Un seigneur se suicide ? C’est le jeu…
Ils vivent dans leur rêve absurde. L’illusion nourrit leur esprit, le mensonge peuple leur cœur. Ils sont incapables de s’arracher à l’hypnose et, par delà les causes secondes, de remonter à la cause première de leurs maux… il doit bien rire, le magicien ! Il doit bien rire, le Prince !
Bien rire de nous : les hommes…
 

RÉVEILLEZ-VOUS !...


 
 Qu’en dites-vous de cette petite histoire ?
 Elle est plus profondément vraie, encore, qu’on ne le perçoit à première vue. Plus on la tourne et plus on la retourne, plus on lui découvre de significations et de prolongements, de rapports et de concordances avec la condition humaine…
  Il y a quelque part, par-delà certaines limites, un pays de vie et de liberté. Mais un sortilège pèse sur nous et nous demeurons dans notre vallée d’opprobre, hébétés et bêlants, assujettis à la souffrance et à l’erreur, promis à la mort…
 Nous ne vivons pas. Ce que nous prenons pour la vie est un mauvais rêve. Nous ne sommes que des automates, que des robots, que des somnambules dominés par un maléfice. Et voilà pourquoi Saint Paul, qui avait compris et avait de la poigne, a passé le plus clair de ses jours à secouer les hommes et à leur crier :
--  
Réveillez-vous ! Réveillez-vous !...
 

L’HOMME COMPTE-T-IL BEAUCOUP PLUS QUE LES CANCRELATS OU LES TAUPES ?



 
 L’homme nous en avons déjà parlé, pense volontiers qu’il est le terme et l’aboutissement, la plus fine fleur de l’univers, la couronne, le panache, et qu’il n’y a rien au-dessus de lui et que tout se conjugue, de la terre au ciel, pour chanter son laus et assurer sa gloire…
 Il a beau se plaindre, juger la vie mauvaise et le monde mal organisé, il a beau se dire victime et, à l’occasion, proclamer se faiblesse et sa misère, il porte au fond de lui cette certitude que, tout de même, un homme c’est quelque chose…
 Sait-il s’il compte beaucoup plus, au regard de la mécanique universelle et des entités qui en assurent le fonctionnement, que les cancrelats et les taupes ?
 Sait-il s’il n’est pas uniquement là, comme certains vers intestinaux, pour collaborer à une fonction qu’il ignore ?...
 L’univers entier est bâti sur l’assimilation d’une catégorie par l’autre. Les végétaux vivent de la terre. Puis, viennent des animaux qui vivent des végétaux, puis d’autres animaux qui vivent des animaux. Pourquoi le cycle s’arrêterait-il là ? Pourquoi l’homme à son tour ne serait-il pas mangé ?...
 Eh bien, l’homme y passe, lui aussi. Son tour vient. Et il est mangé…
 

LES CURÉS NE CROIENT PAS SI BIEN DIRE.


 
Ce n’est pas son corps physique qui y passe. Mais il n’a pas que son corps physique. Il en a six autres. Et ce sont les uns ou les autres de ces corps-là qui servent de pitance au magicien et à ses amis…
L’Eglise catholique, elle-même, ne vous le dit-elle pas lorsqu’elle vous raconte que nos bonnes pensées sont la nourriture des anges et nos mauvaises pensées la nourriture des démons ?
 Bien sûr, on croit à des images, à des façons de parler. Et les prêtres eux-mêmes, le plus souvent ne pensent pas si bien dire… cette image n’est pas cependant une imagination ! Elle correspond à la vérité stricte et doit être prise à la lettre…
 

TOUT VIENT D’EN HAUT, Y COMPRIS LES GUERRES ET LES ÉPIDÉMIES…


 
Que pensez-vous que soit une guerre ? Que pensez-vous que soit une épidémie ? Que pensez-vous que soit une révolution ?... Anatole France, lui non plus ne pensait certainement pas si bien dire lorsqu’il intitulait « les dieux ont soif » son livre sur 89…
 Croyez-vous qu’une révolution ou qu’une guerre soit uniquement conditionnée par des facteurs humains ? Les choses viennent toujours de beaucoup plus loin qu’on ne l’imagine ! Et tenez-le pour assuré : nous sommes en proie à des entités qui nous dépassent et nous sommes assujettis à des forces que nous ignorons. Vers l’infiniment petit et vers l’infiniment grand, l’invisible est peuplé de grouillements d’êtres que nous ne pouvons ni concevoir, ni nommer. Leurs formes ne sont pas les nôtres. Ils habitent des dimensions de l’espace qui nous sont interdites. Mais ils sont là et ils pensent, eux aussi, et ils veulent, et ils agissent…
 Ainsi y a-t-il, dans les abîmes de mystère qui nous encerclent, des entités qui déterminent, dans des buts qui nous échappent, des courants de forces bonnes ou mauvaises, lesquels courants, nous atteignent au physique ou au mental, provoquant des épidémies ou des fièvres, créant des fatalités cycliques de démence ou de brutalité dont ils ont besoin à des fins cosmiques ou personnelles…
 

NAÎTRE À L’ESPRIT POUR ÉCHAPPER AU DÉTERMINISME.


 
L’homme ne cesse d’être du bétail, l’homme n’échappe au déterminisme et à la mort qu’à partir du moment où il parvient à la deuxième naissance, où il naît à l’esprit et de l’esprit. Tant qu’il ne s’est pas éveillé ou réveillé, il appartient au magicien et fait partie de son cheptel.
 Et c’est par la Kundalini, nous le savons, que le maléfice, pénètre et s’installe en nous. Une bien redoutable sorcière, n’est-ce pas ? J’avais raison de vous le dire. Et je crois même que je ne vous l’ai pas assez dit car elle fait mieux encore.
 A quiconque la déclenche prématurément et réussit à échapper à la folie et à la mort, elle confère certains pouvoirs, le fait n’est pas niable. Mais attention ! C’est dans le domaine du Prince, qu’elle les confère, c’est dans le périmètre du Serpent.
  Or, de toute évidence, l’homme qui disposera de ces pouvoirs ne pourra pas résister, étant donné la puissance de ses instincts, à la tentation de s’en servir. Il les utilisera et, fatalement, s’engagera chaque jour un peu plus dans les ténébreuses régions d’où l’on ne revient pas.
  Songez à Hitler.
 

POLARISATION SUR L’ABSOLU.


 
  Et cependant, la Kundalini qui est la pire des sorcières, peut devenir la meilleure des fées…
 Mais uniquement lorsque tout est en place dans l’organisme humain, uniquement lorsque l’être est suffisamment orienté vers l’Absolu et suffisamment polarisé par lui… Là alors, le déclenchement se produit de lui-même. C’est le ciel qui en donne le signal. Et la sève, au lieu de refluer, monte d’elle-même et sans à coup, n’apportant que des bénédictions.
 Toute la question donc, se ramène à ceci : comment s’orienter, comment se polariser sur l’Absolu ?
 

LES ENNEMIS DES SCIENCES MYSTIQUES.


 
  C’est à cet échelon qu’interviennent, inventées par des hommes ou suggérées par des dieux propices, les mille et une méthodes de conquête du ciel et d’envahissement des nues. Nous avons déjà parlé des unes et des autres, sans approfondir, il est vrai, mais assez nettement, je l’espère, pour que la plupart d’entre vous soient convaincus de la supériorité des méthodes christiques, surtout de celles qui, d’une part, s’emploient à ressusciter l’enseignement originel, et, d’autre part, recherchent à tous égards, la caution du vrai et les confirmations de l’expérience…
  Me permettra-t-on de redire que la mystique est devenue une science ? Et me permettra-t-on d’ajouter qu’elle n’a contre elle, désormais, que trois catégories de détracteurs ou d’ennemis ?...


I.      FAUX SAVANTS.


  Les faux savants prisonniers de leurs systèmes, ceux qui ne veulent pas admettre que le monde déborde leur horizon, qui prétendent encore l’univers dans les limites de leur savoir et qui, en présence d’hypothèses qui durent six mois, de philosophies qui se démolissent les unes les autres et de théories « définitives » qui ne font qu’un petit déjeuner pour le soleil, tiennent à offense personnelle que les vérités mystiques demeurent inentamées depuis des siècles.


II.      IGNARES.
 
  Les vastes esprits qui triomphent au Café du Commerce et pensent, à quarante ou soixante ans, que rien n’est vrai hormis ce qu’ils ont appris ou cru apprendre au collège…
Pour ceux-là, le monde s’est arrêté à l’instant du bachot.
Et ils n’hésitent pas un instant à condamner Einstein qu’ils ne connaissent pas, au nom d’Euclide, qu’ils ne connaissent d’ailleurs pas davantage…

III.   … ET LES FAUX PRÊTRES.


 
  Les faux prêtres que les dogmes encerclent, qui écrasent l’esprit sous le lettre, qui passent leur temps à condamner au nom de celui qui a dit de ne pas juger, qui répondent boutique lorsqu’on parle religion et à propos desquels le Christ s’est écrié : « malheur aux docteurs de la loi, malheur à ceux qui ont dérobé les clés du temple, qui n’y sont point entrés et qui ont empêché les autres d’y entrer ».
 

BRANCHEMENT ET JOIE.


 
  Referons-nous le point comme nous l’avons déjà refait une fois ? Cette fois-ci, d’ailleurs, ce sera bien moins long que l’autre…
  La solution, dirons-nous pour nous résumer, est là : « accrocher sa charrette aux étoiles », se « brancher », saisir l’une des perches que le ciel tend vers nous, ou, mieux, se débrouiller pour embarquer dans « l’ascenseur… ». Des mots, tout cela ? bien sûr, des mots…
  Reste qu’il y a quelque part un fil où passe un courant et que, si vous réussissez à découvrir ce fil, puis à y appliquer votre trolley, votre tramway filera le diable… Reste qu’il y a quelque part un grand courant d’harmonie et que, si vous réussissez à régler votre cœur sur ce courant, une immense joie s’emparera de vous pour vous emporter au Royaume.
  Et c’est en dernière analyse cela qu’il faut trouver : cette joie…
*
*      *
 Vous m’avez déjà demandé comment il faut faire pour la trouver, cette joie ? Et je ne vous l’ai pas dit ?... je vous le dirai, rassurez-vous.

 

COMPRÉHENSION ET PATIENCE



 
 Mais il faut encore que nous accomplissions un certain périple. Nos yeux ne sont pas suffisamment ouverts. Et vous allez tout de suite comprendre…
 Notre instrument, c’est nous-même. Notre outil, la compréhension. N’est-ce pas sur elle d’abord, que nous devons travailler afin de la préparer, de l’affûter et de la mettre au point… Nous ne perdrons pas notre temps puisque c’est justement ce que nous faisons…
 Seulement, voilà : l’impatience nous ronge, cette fameuse impatience qui fait toujours tout rater et que les dieux abominent. Nous voudrions savoir la fin avant d’avoir appris le commencement et nous sommes tous un peu comme le bonhomme qui vint me trouver, un matin, et qui me dit à brûle pourpoint :  « Monsieur, je vous donne n’importe quoi si vous me faites accéder à la conscience cosmique !.... »
 

D’ABORD, ACCÉDER À LA CONSCIENCE DE SOI.


 
Que pouvais-je lui répondre ?...
 Le bonhomme avait l’air décidé. Et il eut été capable, si j’avais envisagé de lui vendre l’accession à la conscience cosmique, de me demander une facture et un bon de garantie…
 Je me suis donc contenté de lui donner, et pour rien, le conseil que je donne à tout le monde en pareil cas : - doucement, mes bons amis, doucement…
  Nous prétendons accéder à la conscience de l’Absolu. Essayons donc, pour commencer, d’accéder à la conscience de nous-mêmes… plus exactement : à la conscience de notre être véritable. Car… vous entendez bien ce que je vous dis là ?... tant que nous n’y parviendrons pas, nous ne serons même pas.
 

COMBIEN Y EN A-T-IL, PARMI NOUS, QUI PUISSENT DIRE : « JE SUIS » ?


 
 Combien y en a-t-il de personnes, sur mille et même sur dix mille, pour ne pas dire sur cent mille, qui puissent valablement déclarer : je suis ?... nous pensons connaître l’univers et la vie et nous ne savons même pas qui nous sommes… or, ne sachant pas qui nous sommes, comment pouvons-nous savoir que nous sommes, ou réciproquement ?
Un auditeur : ---  C’est peut-être parce que nous ne sommes pas ?
---    E xactement…
Un autre auditeur : ---  C’est bien difficile à comprendre, tout cela !...
---   Oui, pour nous en ce moment-ci… Mais faisons un petit effort. Et vous verrez, à la fin, que ce que nous ne comprendrons plus, c’est de ne pas avoir compris tout de suite…
 

NOUS NE POSSÉDONS QU’UNE « POSSIBILITÉ D’ÊTRE »


 
  Je reprends, mais par un autre biais.
  Tous, plus ou moins, nous possédons une possibilité d’être mais nous ne réalisons cette possibilité qu’en en prenant conscience… ici, c’est exactement l’histoire de l’âme qui recommence.
  Vous vous souvenez ?
  Ces âmes qui nous sont données à crédit et que le magasin reprend si nous omettons de payer nos mensualités… L’existence et l’âme, du point de vue où nous nous trouvons actuellement placés, sont pareilles. Ça ne fait qu’un lot… si vous voulez, en matière d’existence et d’âme, nous bénéficions d’une espèce d’option. Encore faut-il la lever et la lever à temps. Quiconque laisse passer l’heure est forclos…
 

LES MOTS, CES FONCTIONNAIRES.


 
  Il y a là, évidemment, une notion assez subtile à dégager, une notion assez inhabituelle. Et les mots en bons fonctionnaires routiniers, sont toujours rétifs en présence de l’inhabituel…
  Nous allons essayer de leur forcer la main et de parvenir au but malgré tout…
 

L’HOMME « EXISTE » MAIS « IL N’EST PAS ».



 
  Un animal humain est mis en circulation. Le voilà. Il va, il vient, il parle. Mais il se trouve en l’état d’hypnose, dont nous nous sommes entretenus. Peut-on dire qu’il vit ?
  Non : il est « vécu ». Ce n’est pas pour son propre compte qu’il vit…
  Peut-on dire qu’il « est » ?
  Pas davantage, puisqu’il passe à côté de son être véritable.
  Il existe, soit.
 Mais en tant que machine seulement. C’est un objet animé, un automate. Son être réel demeure emprisonné au fond de lui-même. Et il ne pourra dire « je suis » qu’à partir du moment où cet être réel, ayant pris conscience de soi, rejettera le sortilège et animera personnellement la machine.
  En d’autres termes encore, et pour aller un peu plus loin :
 Nous nous trouvons en face d’un être factice, d’un être sophistiqué qui n’a rien à voir avec l’être réel. Et lorsque cet être factice parle de ce qu’il appelle lui-même, et lorsque cet être sophistiqué dit « je » ou « moi », c’est encore à l’être second, à l’être faux, à l’être résultant du sortilège, qu’il rapporte ce « moi » ou ce « je »… de l’être réel, profond, fondamental, il n’a aucune espèce de notion. Il dort, l’être fondamental.

  Et il dort de ce sommeil « semblable à une mort » dont nous parle le poète…
 

MAGIE DES IMAGES.



 
  Il faut absolument que tout le monde parvienne à une claire compréhension de cette donnée. Elle est primordiale. Et je pense avoir enfin trouvé un moyen d’aboutir… Mon moyen, naturellement, c’est une image. On devrait toujours penser aux images lorsqu’on se trouve en présence de données complexes, difficiles à assimiler.
  On en médit souvent, des images. Et trop souvent, l’on argue qu’elles ne correspondent jamais à la vérité totale, comme les comparaisons, du reste qui sont elles aussi des images… Mais les mots, est-ce qu’ils correspondent davantage à la réalité totale ? Et les phrases, même bien faites, est-ce qu’elles éveillent toujours les mêmes idées dans les cervelles ?...
  Je préfère les images qu’au demeurant on fait avec des phrases et des mots, mais qui s’en dégagent, s’imposent, font flèche et disent d’un coup ce qu’elles ont à dire…
  Le seul malheur, avec celle que je vais vous soumettre, c’est qu’elle est un peu grosse et un tantinet grotesque. Tant pis…
 

NOUS NE CONNAISSONS QUE LA PARTIE « FACTICE » DE NOUS-MÊMES


 
  Imaginez que nous soyons des œufs… Oui : des œufs. Des œufs de poule ou de pigeon si vous préférez, ou de cane ou d’autruche. Peu importe la taille…
  Bref, nous avons imaginé que nous étions des œufs. Imaginons maintenant que l’œuf réel, ce soit le jaune, et uniquement le jaune… le blanc, qui est autour, ce sera l’apport du magicien, le factice, ce qu’il aura surajouté…
   Et voilà toute notre histoire : Nous sommes des œufs qui ne se connaissent que par le blanc, que par l’extérieur si vous voulez, des œufs à qui le blanc surajouté masque le jaune fondamental et qui partant, n’ont même plus la notion de ce jaune qui est leur être réel, leur seul être réel… Compris ?
   Une auditrice : --  Bien sûr, comme ça…
---    Quand je vous le disais !... La voilà bien, la vertu des images !... et ce qu’il faut, pour pouvoir dire…
1)       Je suis ce que je suis,
2)       Et je sais que je suis…
 

APPRÉHENDER L’ÊTRE VRAI PAR DELÀ LE FAUX


 
… Ce qu’il faut, dis-je, c’est avoir réussi à appréhender l’être vrai par delà le faux, l’être réel par delà le factice, l’être « naturel » par delà le sophistiqué, l’être premier par delà l’être second…
… Ce qu’il faut, c’est descendre assez profondément en soi pour y découvrir sa vérité, son essence initiale et y prendre conscience, -- tout ce qui vient du magicien étant écarté -- de ce qui vient du ciel et nous y rattache… ce n’est pas pour rien qu’on dit : la vérité cachée au fond d’un puits…
 

AUTRES IMAGES.



 
  J’aurais pu me servir d’une autre image. Maintenant que nous n’en avons plus besoin, il va nous en venir cinquante…
  De l’image d’un seau, par exemple, d’un seau rempli d’eau et posé sur le sol et sous le ciel bleu. Et je vous aurai dit : il y a, au fond de ce seau, qui est vous-même, un reflet du ciel que vous ne voyez pas, hélas, car un petit diable est là, payé par le méchant magicien, lequel petit diable passe son temps à troubler l’eau dont vous êtes emplis en l’agitant avec sa main etc.… Il y aurait aussi l’image de la noix, avec sa coquille et son fruit, ou encore l’image du cocon, avec son enveloppe de soie et sa chrysalide, etc., etc.

 
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