Vous voyez ? Je prends l’un de mes x au hasard. Je mets un petit h à côté, histoire de le baptiser… Petit h dans mon algèbre, cela veut dire homme. Mon x est donc devenu un homme et, de lui à grand A, je tire un trait figuratif de la réintégration, un trait bien droit qui symbolise la possibilité absolument directe de retour au Principe que nous a donné le Nazaréen...
ABOLITION DE LA MAGIE… AIMANTATION DE LA VOIE…
J’indiquerai pour mémoire, sans vouloir m’étendre, ce qui nous entraînerait trop loin, que le Christ a aboli les anciennes magies en les rendant, par un autre acte occulte, d’une pratique beaucoup plus difficile et périlleuse. Il en a changé la polarisation… Avant lui, les secrets de la haute magie se trouvaient dans la magie même. Maintenant, ils se trouvent dans l’union au principe et c’est la mystique seule qui en possède les clés…
J’indiquerai encore, pour en terminer sur ce point, que la voie christique est « aimantée » dans le bon sens alors que les autres le sont assez souvent dans le mauvais, et qu’elle est la seule où le pèlerin, à un moment donné, se voit pris en charge et « est porté ».
Vais-je encore vous parler de l’ascenseur ? Ce n’est pas la peine, je pense. Vous m’avez compris…
PRENONS POUR EXEMPLE LA VOIE HERMÉTIQUE…
J’allais oublier de vous parler des autres voies qui sont si souvent aimantées dans le mauvais sens. Et cependant, il s’agit d’un assez gros morceau…
Soyons concrets et prenons tout de suite un exemple, celui de la voie hermétique. Et disons ce qu’on enseignait dans les collèges initiatiques de l’ancienne Egypte…
CULTURE DE LA « GRAINE DE DIEU » ?...
On enseignait qu’en tout homme d’une certaine qualité se trouvait la semence, la graine d’un dieu, et qu’il appartenait à cet homme de cultiver sa graine afin d’en réaliser la promesse à son profit… mais il fallait s’élever étage par étage, un peu comme chez les yogis, par une corde à nœuds et à la force des poignets.
Le premier objectif, puisqu’on partait du plan humain, était de s’assurer une bonne place, après la mort, au plan immédiatement supérieur. On devait s’arranger pour y devenir roi et prêtre, sinon les deux à la fois…
Il s’agissait ensuite, si l’on avait réussi sa petite opération, de la réussir encore en passant du plan 2 au plan 3, et ainsi de suite jusqu’au sommet de la Pyramide, c'est-à-dire, jusqu’à ce que l’on se fût assuré la première place en tête de la cohorte adamique.
Une fois là, il n’y avait plus, au choix, qu’à postuler pour la royauté d’un univers plus vaste ou qu’à faire un petit saut aux basques de l’Absolu pour lui demander un poste de conseiller technique au service central…
Il se peut que cette présentation du substrat de l’initiation égyptienne fasse frémir d’horreur les égyptologues patentés et les hermétistes de librairie. Qu’ils ne m’en veuillent pas de pousser à la caricature et qu’ils se rassurent : je ne ravage pas leurs jardins et je tire mes informations des sectes hermétiques qui se sont perpétuées en Afrique, dans le secret des régions incomplètement explorées, et qui ont, je pense, maintenu intact l’enseignement initial.
INITIATION HYPNOTIQUE ET SANS DOULEUR.
Ce sont des sectes d’ailleurs savantes qui pratiquent la magie cérémonielle, prônent la solidarité humaine et obéissent à une morale des plus acceptables… Ces sectes procèdent encore aux initiations rituelles dont voici, en gros, le mécanisme actuel :
Le néophyte, en pleine cérémonie, alors que déjà les chants magiques lui travaillent l’organisme, absorbe un breuvage spécial destiné à provoquer le dédoublement. Il se dédouble, en effet, et des « maîtres » qui attendent ses corps subtils aux portes de l’invisible, les prennent en charge et les conduisent ça et là, histoire de leur montrer ce qu’il y a lieu d’avoir vu et de savoir pour ne plus douter des réalités transcendantes. Le souvenir de ces réalités, puisque tout s’efface en principe de ce qui est découvert en état de dédoublement, est ensuite rendu au néophyte par un procédé hypnotique… (C’était entièrement par des procédés hypnotiques, disons-le au passage, que les anciens Egyptiens réalisaient la même opération).
UN SEUL ENNUI : C’EST UN VIOL DE L’ÂME ET ÇA NE FAIT PAS D’USAGE.
Qu’on me pardonne ce trop long exposé. Mais je voulais dégager les données qui vont maintenant me permettre d’en venir à mon objet :
I
Tout était magie, en somme, dans l’hermétisme, tout était action de l’homme sur l’homme, et ceci par des moyens illicites…
L’hypnose n’est-elle pas un viol de l’âme et un crime contre l’Esprit ?... Une âme n’appartient qu’à Dieu et à son titulaire, lequel en est comptable et n’a même pas le droit de la laisser subjuguer, si bien qu’en cette histoire, l’opéré devient aussi coupable de l’opérateur…
II
Pour l’hermétiste, l’objectif n’était pas, au début, de se réintégrer au Principe supérieur, mais seulement au Principe second. C’était donc aux lois du Principe second qu’il devait obéir, à ces lois qui sont celles de l’opposition, du heurt et de la force, nous l’avons vu par ailleurs.
Il restait donc prisonnier du cercle fatidique, de ce cercle dont les prêtres connaissaient parfaitement la nature au surplus, puisqu’ils en avaient adopté, pour symbole, le fameux serpent qui se mord la queue, de ce cercle qui délimitait l’Empire du Prince de ce Monde…
*
* *
Je sais bien que, par un effort des plus louables, l’hermétisme s’employait à policer les mœurs et à démontrer aux hommes les avantages de l’entraide, de la douceur et de l’harmonie. N’empêche qu’on laissait subsister l’avidité comme moteur essentiel, puisqu’on incitait les fidèles à conquérir des avantages, non seulement dans cette vie-ci, mais dans les autres, et des avantages d’ordre matériel !...
Et voilà ce que j’ai appelé – à tort d’ailleurs, car il aurait fallu que d’autres mots me viennent à la bouche - une mauvaise aimantation…
C’EST DONC BIEN LE CHRIST
QUI DEMEURE LE PLUS GRAND…
Résumons :
Les hermétistes ne connaissaient qu’une voie de retour ou de salut : celle qui, montant péniblement et lentement, étape par étape et pallier par pallier, passait par le Prince et nécessitait un laborieux travail de magie, un douloureux travail contre les volontés du principe suprême…
La voie directe leur était parfaitement inconnue.
A plus forte raison ignoraient-ils la recherche du Royaume de Dieu et les avantages qu’elle comporte pour ceux qui réussissent à trouver la mystérieuse entrée…
Les Indous, eux, connaissaient la voie directe.
Mais il ne semble pas qu’ils se soient jamais avisés du plus simple de tous les yogas, nous l’avons vu, celui de la réintégration par « la joie portante ». Ou alors, s’ils s’en sont avisés, ils l’ont jalousement conservé pour l’usage des collèges, ce qui, d’ailleurs, ne coïnciderait pas avec les exigences de la loi d’amour et serait imputable à un crime.
C’est donc bien le Christ qui demeure le plus grand, le plus haut et le plus complet des initiés et des initiateurs.
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« JE SUIS LA VÉRITÉ, LA VIE ET LE CHEMIN ».
N’avait-il donc pas le droit de le dire, qu’il était la vérité, la vie et le chemin ?...
Je m’excuse, mais il me semble bien que si…
Et pourquoi ajoutait-il que quiconque voudrait rejoindre le Père devrait passer par lui ?
Qu’on m’excuse encore : mais probablement parce qu’il était le premier à savoir qu’il n’y avait pas d’autre brèche que la brèche faite par lui, pas d’autre voie que sa voie, pas d’autre possibilité de vie éternelle que celle qu’il avait su nous conquérir…
*
* *
Peut-être jugera-t-on que je me suis trop étendu sur ces divers points encore que je n’ai pas dit le centième de ce qui serait à dire. Mais on le verra par la suite : ceux qui m’auront suivi avec attention n’auront pas perdu leur temps.
Nous avons mis en place, sans trop y songer, une série d’éléments de travail qui feront base et nous seront infiniment précieux lorsque nous aborderons la partie pratique et expérimentale de nos études, à la partie, si je puis dire, de réalisation…
C’est en ces éléments de travail que nous trouverons le pourquoi de la « brisure du souffle » si chère aux Indous - et que nous ne pratiquerons d’ailleurs pas - le pourquoi de la rétroversion, de la marche à reculons et de ce fait que, dans la syncope, les yeux se révulsent en divergeant alors que, dans la mort ou dans la sainteté, ils se révulsent en convergeant…
LE CIEL NE RATE JAMAIS LES DÉLINQUANTS.
Nous parlerons de la Kundalini dans quelques instants. Que les adorateurs de cette belle pin-up se rassurent : cette fois-ci, c’est vrai… Mais il faut auparavant que je réponde à quelqu’un qui m’a écrit les lignes suivantes que je viens de trouver entre la carafe et le verre d'eau .(1)
« Je cherche depuis pas mal de temps, sans succès et je suis partisan de me faire initier comme on le fait chez les hermétistes dont vous avez parlé. De cette façon-là au moins on est sûr d’arriver et c’est un gros avantage pour ceux qui en ont envie… »
Eh bien, non. Ce n’est pas un gros avantage. C’est une duperie. Les résultats qu’on obtient ainsi ne durent pas. Ils s’annulent d’eux-mêmes.
Ne l’ai-je pas déjà dit ? Nous sommes ici en un domaine où tout se paye en bonne monnaie, et comptant. Et ne croyez-vous pas que ce serait trop simple si l’on pouvait se commander une initiation valable comme on se commande un demi ou un complet veston ?
Il y a un chemin à parcourir et on ne le parcourt pas par délégation. Il y a seuil à franchir et on ne le franchit pas sur les jambes du voisin.
(1) Ces lignes sont détachées de la sténographie d'une conférence
ON NE SE FAIT PAS REMPLACER.
Il faut comprendre soi-même et non par personnes interposées. Il faut ensuite adhérer librement aux volontés de l’Absolu et prouver par une série d’actes conscients qu’on est capable d’y satisfaire… on ne se fait pas remplacer comme jadis au service militaire. Il faut aller soi-même à la bataille, c'est-à-dire, au sacrifice… ne sentez-vous pas l’impiété qu’il y a à penser autrement ?
Chacun doit donner son fruit et ne peut être jugé que sur ce fruit.
Et dites-vous bien ceci :
Toutes les initiations abusivement obtenues sont un viol du ciel. Et le ciel n’est pas comme la justice de ce monde : il ne rate jamais les délinquants.
*
* *
SERVICES QU’IL NE FAUT PAS RENDRE
Si vous avez en ces matières à monter au premier étage et que vous vous fassiez porter par quelqu’un, soyez bien persuadés d’une chose : c’est que vous dégringolerez tous les deux, ce quelqu’un et vous, et qu’il faudra ensuite que vous remontiez l’un et l’autre, mais les reins cassés…
Un auditeur : - ce quelqu’un sera frappé, lui aussi, même s’il m’a porté pour me rendre service ?...
- Mais oui. Car on n’a pas le droit de rendre des services de cette sorte…
D’abord, les initiations hermétiques comportent des manœuvres hypnotiques et le fait d’aliéner la liberté d’une âme, fut-ce pour le bien, constitue un crime contre l’esprit…
Ensuite, que fait-on quand on prend en charge le travail qu’un autre doive effectuer ? On enlève à cet autre sa chance de réaliser le bénéfice que ce travail comporte…
LE TAROT ET LES 52 CARTES.
Deux mots encore, pour ma satisfaction personnelle. Je tiens à dire que l’hermétisme, en ce qui concerne sa partie philosophique et métaphysique, est, selon moi, l’une des plus belles initiations qui soient. Et il n’est pas douteux qu’on peut aller fort loin en l’étudiant…
Il m’arrivera, à l’occasion, du reste, d’appuyer certaines de mes démonstrations par le symbolisme des tarots ou des cartes ordinaires, infiniment plus anciennes que les tarots, et qui nous en apprendront bien davantage encore qu’elles ne soient pas 78 mais 52 seulement.
DAME KUNDALINI, FEMME FATALE.
Et maintenant, ça y est. Voici le tour venu de la femme fatale… Mais laissez-moi vous le dire tout de suite : le mieux qu’on puisse faire avec cette déesse pétrie d’or fulgurant, c’est de ne pas s’en occuper…
Laissez-là dormir, cette belle endormie. On ne l’éveille pas sans éveiller ses serpents. Et il est préférable de ne pas avoir à faire à ces animaux-là… Mais il se peut qu’il y ait, dans la salle, des personnes qui ne sachent pas très exactement ce qu’est la Kundalini. Voici donc quelques indications préalables…
La Kundalini est un « dispositif immatériel » - la médecine occidentale n’a pas encore réussi à l’appréhender - qui se trouve logé dans les vertèbres coccygiennes (les trois dernières de la colonne vertébrale) et par où, certaines forces, pénètrent en plus ou moins grande quantité dans l’organisme humain, en petite quantité, si le dispositif se trouve en l’état normal, en grande quantité s’il est « éveillé ».
Et c’est cet éveil que bien des gens, sur la foi de livres venus des Indes, tentent de provoquer par des procédés respiratoires ou sexuels, voire par autosuggestion, visualisation ou récitation de mantras…
LES SAINTS, LES MÉDICASTRES ET LE CADUCÉE.
Et d’abord, une question se pose : celle de savoir si cette trop courtisée charmeuse de serpents n’est pas un personnage purement hypothétique. Je réponds nettement : non… En tant que personnage, elle n’est que symbolique, évidemment. Mais elle correspond à quelque chose de terriblement réel.
Souvent, les ascètes parvenus à un certain degré de pureté, se plaignent de violentes douleurs dans la mœlle épinière. On peut en citer plusieurs cas dans l’histoire et même assez près de nous : Le curé d’Ars, Thérèse Neumann, Sainte Thérèse de Lisieux, etc.…
Et souvent, ces douleurs proviennent de ce que la déesse s’est éveillée et a ouvert toute grande, la porte par où pénètrent les fluides, lesquels fluides déchirent les tissus en s’y forant un passage…
Le passage, théoriquement, existe. Il consiste en deux canaux principaux et de nombreux canaux annexes qui, partant du coccyx, s’élèvent autour de la colonne vertébrale en s’entrecroisant jusqu’à l’encéphale… n’ayant jamais servi, ces canaux sont fatalement en assez mauvais état lorsque le déclenchement se produit. De là, les douleurs…
Ainsi que les Indous et les hermétistes, les anciens médecins connaissaient fort bien ces phénomènes et n’ignoraient rien de l’appareil qui en est l’occasion. Et comme ils savaient en outre que cet appareil recèle la clé de l’organisme humain, ils en avaient tiré, en le schématisant, le symbole même de leur profession : le caducée, c'est-à-dire, deux lignes courbes s’entrelaçant autour d’une tige surmontée de deux ailes, soit la représentation exacte de la colonne vertébrale et des deux canaux principaux…
CEUX D’HIER
Et les ailes du sommet ? Me demandera-t-on… Eh bien, c’est ce que les anciens médecins ont su : soit qu’au moment de la mort, l’âme s’en va par le vortex, soit que le déclenchement de la Kundalini, lorsqu’il s’effectue dans de bonnes conditions, provoque l’éclosion des facultés spirituelles et, en bloc, une manière d’envol de tout l’esprit…
Peut-être même, et nous avons tout lieu de le supposer, ont-ils possédé l’autre de ces deux connaissances…
Nous dira-t-on après cela, que la médecine d’aujourd’hui est plus savante que la médecine d’autrefois ? Elle a conservé le symbole. Dommage qu’elle n’ait pas conservé ce qui lui faisait cortège…
Vous conterai-je l’histoire de cette dame américaine qui, étant allée à la cave pour y quérir une bonne bouteille, tomba si malencontreusement sur les marches de pierre qu’elle s’y fêla le coccyx ?... Deux jours entiers de coma furent la conséquence de cette chute. Mais au matin du troisième jour, revenant à elle, la dame se crut dans une autre chambre que la sienne, puis dans la cuisine, puis au salon, puis au jardin.
Elle ne comprenait pas ce qui lui arrivait et il lui fallut un peu de temps pour s’habituer : sa Kundalini s’était mise en marche, provoquant l’éclosion des facultés spirituelles, et la dame constatait en s’éveillant qu’elle voyait au travers des murs !...
Accepterai-je le martyr pour établir la véracité de cette anecdote ? Ne soyez pas indiscrets, je vous en prie… c’est en tout cas dans l’un des ouvrages de Mgr Leadbeater qu’on la trouve. Et ce n’est pas dans le roman que Mgr Leadbeater s’est illustré...
UNE DANSEUSE NUE, FAITE D’OR AU LIEU DE CHAIR
Voici, pour en terminer avec la réalité de la Kundalini, deux détails susceptibles, je pense, de vous intéresser :
Lorsque le surcroît fluidique est sur le point de se manifester chez quelqu’un, ce quelqu’un, qu’il soit oriental ou occidental, a presque toujours – et à l’état de veille, bien entendu - la vision suivante…
Ce sont d’abord des coulées de lumière très intense, à reflets bleus et mauves, avec, ça et là, des scintillements d’étoiles. Soudain, ces coulées et ces poudroiements de lumière font place à un disque d’or qui, durant quelques seconde tourne à une vitesse prodigieuse, puis, brusquement, s’arrête et s’ouvre, découvrant une danseuse strictement nue, mais faite d’or au lieu de chair et dont la perfection possède quelque chose de surnaturel… De surnaturel et non de céleste ou d’angélique, il faut que je précise car il s’agit d’un type de beauté plus sensible que mystique…
Bref, la danseuse esquisse deux ou trois pas, renverse le buste en arrondissant les bras au-dessus de sa tête, tend les seins et disparaît…
C’est fini. Il ne reste plus à l’endroit où reposaient les pieds de l’apparition, qu’une légère vapeur bleutée qui monte doucement. Et tout s’éteint, comme au cinéma lorsque l’opérateur obture la lanterne…
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* *
Contrairement à ce que l’on croit, l’éveil de la Kundalini n’est ni bien compliqué, ni bien difficile à provoquer. Cinq minutes suffisent. Et c’est normal, après tout, puisqu’il ne faut généralement pas plus de cinq minutes pour déclencher n’importe quelle catastrophe…
Heureusement, les Asiatiques et les Européens qui détiennent le secret ont-ils l’honnêteté de le taire, et, dans l’ensemble, ne s’estimant pas prêts, de ne pas en faire usage pour eux-mêmes…
Un auditeur : « elle offre tout de même bien quelques avantages, la Kundalini ?
IDENTITÉ DES FORCES SEXUELLES ET SPIRITUELLES.
Oui, quand on est prêt, quand tout est en place pour la recevoir et en contenir les débordements. Nous parlerons tout à l’heure de ces avantages.
Achevons d’inventorier les inconvénients.
I. LA CLÉ DU MÉCANISME HUMAIN.
C’est en cette Kundalini, nous l’avons dit en commençant à propos du caducée, que se trouve la clé du mécanisme humain, la clé de la vie des individus et aussi de la vie de l’espèce. Une fonction importante lui est dévolue, celle d’assurer la continuité des races.
Elle est le canal, le draineur de la force animatrice, laquelle est à la fois la force sexuelle, la force intellectuelle et la force spirituelle. Sa nature est triple et tout dépend de la direction qu’elle prend après être entrée dans l’organisme.
Si elle trouve son chemin vers le haut – et elle ne le trouve que dans des conditions précises que nous étudierons aux paragraphes des avantages - il y a « éthérisation » de l’être entier et éclosion des facultés psychiques d’où résultent les pouvoirs surnaturels. Mais si la voie n’est pas libre vers le haut, elle est bien obligée de chercher une autre issue. C’est au niveau même de son arrivée dans l’organisme qu’elle la découvre. Et il y a hypersexualité…
Mais hypersexualité morbide, perverse, souvent sadique et qui comporte besoin de violence et de viol, de sang… Si ce phénomène ne donnait que des Don Juan, ce ne serait encore trop rien. Nombre de belles dames s’en féliciteraient sur le moment, quitte à en pleurer plus tard. Mais il donne le plus souvent des Raspoutine… Il est vrai que nombre de belles dames s’en félicitèrent malgré tout…
II. HYPERSEXUALITÉ, SADISME.
Il n’y a d’ailleurs pas qu’en matière de sexualité, en ces sortes de cas, que la bête se déchaîne. La mentalité tout entière de l’individu suit le mouvement et s’exaspère dans le sens de ses plus mauvaises prédispositions. Le comportement emboîte le pas. Et l’on assiste aux excès de ce qu’un romancier a appelé : le mal des ardents…
Il semble dès lors qu’un feu diabolique embrase ces êtres. Non seulement leurs appétits sexuels se déchaînent, mais aussi, leurs appétits de domination, d’argent, de luxe. Ils deviennent insatiables. C’est un feu rongeant qui coule dans leurs veines, leur avidité ne connaît plus de bornes. Seule une camisole de force peut avoir raison d’eux. Et c’est en effet, dans les asiles d’aliénés, le plus souvent, qu’ils terminent leur carrière.
En d’autres cas, cet éclatement n’a même pas lieu. Soit que le sujet s’avère physiquement moins résistant, soit que la force, en montant, ravage les tissus ou brûle les nerfs, il y a paralysie, folie pure et simple ou gâtisme prématuré… En un autre cas encore, dans celui où le sujet parvient malgré tout à se mater et à tenir en bride ses instincts de fauve, il est pour de bien longs siècles perdu pour la spiritualité. Nous verrons pourquoi dans un instant. Ouvrons d’abord une parenthèse. IV. LA SÈVE EST UNIQUE.
Car il n’est probablement pas inutile au passage, de marquer la liaison, l’identité de « l’essence » qui alimente le sexuel, le mental et le spirituel. La sève est unique. C’est par le bas qu’elle arrive. Et s’il n’y en a pas en bas, il ne saurait y en avoir en haut…
Presque tous les grands intellectuels sont de grands amoureux et un certain nombre appartiennent à la catégorie de Mr de Buffon dont deux ou trois accortes paysannes attendaient en permanence le bon plaisir dans une pièce contiguë à celle où il travaillait. Et il n’en va pas autrement pour les grands artistes, musiciens, peintres et virtuoses, ni même pour les tribuns. Témoins : les Danton, les Mirabeau, les Musset, les Rodin… et les Georges Sand. Lorsqu’on a du tempérament d’une façon, on en a de l’autre. Et toujours, la puissance psychique fut proche parente de la puissance tout court… V. DE GRANDS YOGIS : NAPOLÉON, BALZAC…
M’opposera-t-on le cas de Napoléon, dont ce paillard d’Anatole France – encore un que j’aurais pu citer - disait qu’il fit gémir le monde faute d’avoir pu faire gémir les paillasses ! On serait mal venu de s’en aviser. Car Napoléon, qui fut un grand yogi sans le savoir et qui disposait de dons exceptionnels, on en conviendra, avait réussi, en ses ardentes veilles valentinoises, une demi transposition Kundalinienne.
Nous étudierons un jour son cas et aussi celui de Balzac, cet extraordinaire voyant qui a lui-même exposé son affaire dans l’essai autobiographique qu’il intitula Louis Lambert…
Il était également yogi sans le savoir, tout comme Napoléon. L’usage qu’il fit de l’imagination rejoint celui que les Indous font de la visualisation. Et je sais pas mal d’Européens qui seraient parfaitement inspirés en le prenant pour maître aux lieux et places des Vivékananda ou des Aurobindo…
Pourquoi aller chercher à l’autre bout du monde ce qu’on a sous la main ? Pourquoi vouloir à toute force bâtir sa maison à Paris ou à Londres, avec des pierres importées de Chine ou du Tibet ?
*
* *
Autres points de vue, que j’indique pour mémoire, car il faut que nous allions vite : I. LA SEXUALITÉ ET LE VERBE.
La sexualité, on le sait, est liée à la voix qui, chez l’homme, mue au moment de la formation, phénomène qui ne se produit évidemment pas en ce qui concerne les castrats. Or, la voix est l’instrument physique du verbe, de l’articulation, de la création de la « forme », cette matrice… Qu’on y songe… II. LA SEXUALITÉ ET LA PIERRE PHILOSOPHALE.
Et qu’on songe également à la ressemblance de l’appareil kundalinien avec l’athanor des alchimistes. Le voilà bien l’alambic de la transmutation spirituelle. Il est l’instrument essentiel de la transformation du plomb en or, de l’épais en subtil, et de la mort en éternité… La pierre philosophale est là.
Et aussi l’élixir de jouvence…
C’EST LA KUNDALINI QUI NOUS ENCHAÎNE AU PRINCE.
Ceci classé, qu’il me soit permis de vous exposer les raisons pour lesquelles j’ai pu vous affirmer, tout à l’heure, que l’homme en qui la Kundalini se déclenchait prématurément doit,pour de longs siècles, faire ses adieux à toute spiritualité…
De quoi s’agit-il, en fin de compte, en matière de spiritualité…
De sortir de la marmite, n’est-ce pas ? De gagner le Ciel ?... Eh bien, la Kundalini est justement le lien par quoi nous sommes attachés à la terre. Tous les méfaits de ce que les Indous appellent la Maya lui sont imputables. Elle est le filin dont le Prince se sert pour nous maintenir à sa disposition, en état d’esclavage et de servitude…
On le conçoit maintenant du moins je l’espère : intensifier en soi le courant Kundalinien dans des buts de spiritualité est la plus complète duperie qu’on puisse imaginer. On aboutit exactement au contraire de son souhait. On renforce le lien, on s’enchaîne dix fois, vingt fois plus solidement…
N’est-ce pas à croire que les Indous ou les Tibétains qui préconisent cette funeste méthode de réintégration travaillent pour le Malin et non pour Dieu ?... Sédir, qui était prophète en annonçant, voici quarante ans, les vagues de yoguisme qui déferlent actuellement sur l’Occident, avait mille fois raison lorsqu’il condamnait par avance, avec des accents pathétiques, tout ce qui n’était pas strictement christique. « Voilà » les faux instructeurs, disait-il. Sachez vous garder des pièges qu’ils vous tendront pour le compte de « l’Ennemi »…
LA PLUS ÉPOUVANTABLE HISTOIRE DU MONDE…
Connaissez-vous l’histoire des moutons ? C’est une histoire qu’utilisait Gurdjieff en ses démonstrations. La voici…
Il y avait une fois – c’était au temps où les bêtes parlaient - un magicien qui possédait un immense troupeau.
Ce magicien était très méchant et, presque chaque jour, venait à son troupeau, prenait quelques moutons, les emportait et les tuait pour en faire honneur aux gens qu’il invitait à sa table.
Or, ayant appris le sort qui les attendait lorsque le magicien s’emparait d’eux, beaucoup de moutons décidèrent de prendre la fuite, et la prirent en effet.
Mais le magicien voyant s’éclaircir les rangs de son troupeau, ne fut pas long à comprendre ce qu’il se passait.
Ah oui ! Mes gaillards, fit-il, eh bien, on va voir !...
Et il fit garder son troupeau par des bergers. Mais les bergers ne pouvaient pas avoir les yeux partout à la fois. Des moutons prirent encore la fuite. Et le magicien, furieux, donna des chiens à ses bergers.
Les chiens aboyèrent, montrèrent les dents, mordirent…
Cela n’empêcha pas grand-chose. Le troupeau continua à s’éclaircir, si bien que le magicien décida de l’encercler d’énormes barrières.
Il le fit.
Et des moutons trouvèrent encore le moyen de disparaître, car les moutons en ce temps-là étaient futés, malins et finauds. De vrais singes…
Je crois même – bien entendu, je ne vous raconte pas l’histoire comme le faisait Gurdjieff - qu’ils marchaient debout et qu’ils n’avaient que deux pattes, les deux autres étant des mains…
Le magicien, des pieds à la tête, tremblait de rage. « Cela ne peut pas durer, grinçait-il du matin au soir et du soir au matin, cela ne peut pas durer !... »
Il finit par se retirer dans la pièce la plus secrète de son château. Il invoqua ses génies et reparut un jour, le visage tout amène et détendu… Ses génies lui avaient donné une idée : celle de plonger ses moutons en état d’hypnose, de les endormir quoi !...
VOUS ÊTES DES HOMMES LIBRES !...
Il vint donc parmi eux et leur dit, plein de grâce : « finies les barrières, finis les chiens, finis les bergers !... vous vous garderez vous-mêmes. Pour vous, une ère de liberté commence. Car vous n’êtes plus des moutons. Vous êtes des hommes… »
Il les regardait les uns après les autres, bien dans les yeux, et il poursuivait : --- Toi, tu es un marchand !... Toi, tu es un juge !... Toi, tu es un seigneur !... Toi, tu es un poète !... Toi, tu es un général !... Toi, tu es une courtisane !... Toi, tu es une matrone !... Toi, tu es un larron !... Il conclut :
-- Et maintenant, allez ! Jouez aux juges, aux seigneurs, aux courtisanes, aux poètes et aux larrons. Allez ! Allez ! Et que la grandeur soit avec vous…
LE MALÉFICE.
Dès lors, ce fut terminé. Le magicien put dormir sur ses deux oreilles. Promus à la dignité d’hommes, les moutons se mirent à jouer à l’infernal jeu des hommes. Plus un seul ne songea à prendre la fuite.
Et le magicien, depuis ce jour béni, put à loisir emporter les meilleurs d’entre eux sans même qu’ils s’en émeuvent. Ils ne voient plus. Ils ne savent plus. Leurs yeux sont fermés à la réalité…
Un général disparaît ? C’est la guerre. Un poète rend l’âme ? C’est la maladie. Un larron est pendu ? C’est la justice. Une courtisane décède ? C’est l’amour. Un seigneur se suicide ? C’est le jeu…
Ils vivent dans leur rêve absurde. L’illusion nourrit leur esprit, le mensonge peuple leur cœur. Ils sont incapables de s’arracher à l’hypnose et, par delà les causes secondes, de remonter à la cause première de leurs maux… il doit bien rire, le magicien ! Il doit bien rire, le Prince !
Bien rire de nous : les hommes…
Qu’en dites-vous de cette petite histoire ?
Elle est plus profondément vraie, encore, qu’on ne le perçoit à première vue. Plus on la tourne et plus on la retourne, plus on lui découvre de significations et de prolongements, de rapports et de concordances avec la condition humaine…
Il y a quelque part, par-delà certaines limites, un pays de vie et de liberté. Mais un sortilège pèse sur nous et nous demeurons dans notre vallée d’opprobre, hébétés et bêlants, assujettis à la souffrance et à l’erreur, promis à la mort…
Nous ne vivons pas. Ce que nous prenons pour la vie est un mauvais rêve. Nous ne sommes que des automates, que des robots, que des somnambules dominés par un maléfice. Et voilà pourquoi Saint Paul, qui avait compris et avait de la poigne, a passé le plus clair de ses jours à secouer les hommes et à leur crier :
-- Réveillez-vous ! Réveillez-vous !...
L’HOMME COMPTE-T-IL BEAUCOUP PLUS QUE LES CANCRELATS OU LES TAUPES ?
L’homme nous en avons déjà parlé, pense volontiers qu’il est le terme et l’aboutissement, la plus fine fleur de l’univers, la couronne, le panache, et qu’il n’y a rien au-dessus de lui et que tout se conjugue, de la terre au ciel, pour chanter son laus et assurer sa gloire…
Il a beau se plaindre, juger la vie mauvaise et le monde mal organisé, il a beau se dire victime et, à l’occasion, proclamer se faiblesse et sa misère, il porte au fond de lui cette certitude que, tout de même, un homme c’est quelque chose…
Sait-il s’il compte beaucoup plus, au regard de la mécanique universelle et des entités qui en assurent le fonctionnement, que les cancrelats et les taupes ?
Sait-il s’il n’est pas uniquement là, comme certains vers intestinaux, pour collaborer à une fonction qu’il ignore ?...
L’univers entier est bâti sur l’assimilation d’une catégorie par l’autre. Les végétaux vivent de la terre. Puis, viennent des animaux qui vivent des végétaux, puis d’autres animaux qui vivent des animaux. Pourquoi le cycle s’arrêterait-il là ? Pourquoi l’homme à son tour ne serait-il pas mangé ?...
Eh bien, l’homme y passe, lui aussi. Son tour vient. Et il est mangé…
LES CURÉS NE CROIENT PAS SI BIEN DIRE.
Ce n’est pas son corps physique qui y passe. Mais il n’a pas que son corps physique. Il en a six autres. Et ce sont les uns ou les autres de ces corps-là qui servent de pitance au magicien et à ses amis…
L’Eglise catholique, elle-même, ne vous le dit-elle pas lorsqu’elle vous raconte que nos bonnes pensées sont la nourriture des anges et nos mauvaises pensées la nourriture des démons ?
Bien sûr, on croit à des images, à des façons de parler. Et les prêtres eux-mêmes, le plus souvent ne pensent pas si bien dire… cette image n’est pas cependant une imagination ! Elle correspond à la vérité stricte et doit être prise à la lettre…
TOUT VIENT D’EN HAUT, Y COMPRIS LES GUERRES ET LES ÉPIDÉMIES…
Que pensez-vous que soit une guerre ? Que pensez-vous que soit une épidémie ? Que pensez-vous que soit une révolution ?... Anatole France, lui non plus ne pensait certainement pas si bien dire lorsqu’il intitulait « les dieux ont soif » son livre sur 89…
Croyez-vous qu’une révolution ou qu’une guerre soit uniquement conditionnée par des facteurs humains ? Les choses viennent toujours de beaucoup plus loin qu’on ne l’imagine ! Et tenez-le pour assuré : nous sommes en proie à des entités qui nous dépassent et nous sommes assujettis à des forces que nous ignorons. Vers l’infiniment petit et vers l’infiniment grand, l’invisible est peuplé de grouillements d’êtres que nous ne pouvons ni concevoir, ni nommer. Leurs formes ne sont pas les nôtres. Ils habitent des dimensions de l’espace qui nous sont interdites. Mais ils sont là et ils pensent, eux aussi, et ils veulent, et ils agissent…
Ainsi y a-t-il, dans les abîmes de mystère qui nous encerclent, des entités qui déterminent, dans des buts qui nous échappent, des courants de forces bonnes ou mauvaises, lesquels courants, nous atteignent au physique ou au mental, provoquant des épidémies ou des fièvres, créant des fatalités cycliques de démence ou de brutalité dont ils ont besoin à des fins cosmiques ou personnelles…
NAÎTRE À L’ESPRIT POUR ÉCHAPPER AU DÉTERMINISME.
L’homme ne cesse d’être du bétail, l’homme n’échappe au déterminisme et à la mort qu’à partir du moment où il parvient à la deuxième naissance, où il naît à l’esprit et de l’esprit. Tant qu’il ne s’est pas éveillé ou réveillé, il appartient au magicien et fait partie de son cheptel.
Et c’est par la Kundalini, nous le savons, que le maléfice, pénètre et s’installe en nous. Une bien redoutable sorcière, n’est-ce pas ? J’avais raison de vous le dire. Et je crois même que je ne vous l’ai pas assez dit car elle fait mieux encore.
A quiconque la déclenche prématurément et réussit à échapper à la folie et à la mort, elle confère certains pouvoirs, le fait n’est pas niable. Mais attention ! C’est dans le domaine du Prince, qu’elle les confère, c’est dans le périmètre du Serpent.
Or, de toute évidence, l’homme qui disposera de ces pouvoirs ne pourra pas résister, étant donné la puissance de ses instincts, à la tentation de s’en servir. Il les utilisera et, fatalement, s’engagera chaque jour un peu plus dans les ténébreuses régions d’où l’on ne revient pas.
Songez à Hitler.
POLARISATION SUR L’ABSOLU.
Et cependant, la Kundalini qui est la pire des sorcières, peut devenir la meilleure des fées…
Mais uniquement lorsque tout est en place dans l’organisme humain, uniquement lorsque l’être est suffisamment orienté vers l’Absolu et suffisamment polarisé par lui… Là alors, le déclenchement se produit de lui-même. C’est le ciel qui en donne le signal. Et la sève, au lieu de refluer, monte d’elle-même et sans à coup, n’apportant que des bénédictions.
Toute la question donc, se ramène à ceci : comment s’orienter, comment se polariser sur l’Absolu ?
LES ENNEMIS DES SCIENCES MYSTIQUES.
C’est à cet échelon qu’interviennent, inventées par des hommes ou suggérées par des dieux propices, les mille et une méthodes de conquête du ciel et d’envahissement des nues. Nous avons déjà parlé des unes et des autres, sans approfondir, il est vrai, mais assez nettement, je l’espère, pour que la plupart d’entre vous soient convaincus de la supériorité des méthodes christiques, surtout de celles qui, d’une part, s’emploient à ressusciter l’enseignement originel, et, d’autre part, recherchent à tous égards, la caution du vrai et les confirmations de l’expérience…
Me permettra-t-on de redire que la mystique est devenue une science ? Et me permettra-t-on d’ajouter qu’elle n’a contre elle, désormais, que trois catégories de détracteurs ou d’ennemis ?...
I. FAUX SAVANTS.
Les faux savants prisonniers de leurs systèmes, ceux qui ne veulent pas admettre que le monde déborde leur horizon, qui prétendent encore l’univers dans les limites de leur savoir et qui, en présence d’hypothèses qui durent six mois, de philosophies qui se démolissent les unes les autres et de théories « définitives » qui ne font qu’un petit déjeuner pour le soleil, tiennent à offense personnelle que les vérités mystiques demeurent inentamées depuis des siècles.
II. IGNARES.
Les vastes esprits qui triomphent au Café du Commerce et pensent, à quarante ou soixante ans, que rien n’est vrai hormis ce qu’ils ont appris ou cru apprendre au collège…
Pour ceux-là, le monde s’est arrêté à l’instant du bachot.
Et ils n’hésitent pas un instant à condamner Einstein qu’ils ne connaissent pas, au nom d’Euclide, qu’ils ne connaissent d’ailleurs pas davantage…
III. … ET LES FAUX PRÊTRES.
Les faux prêtres que les dogmes encerclent, qui écrasent l’esprit sous le lettre, qui passent leur temps à condamner au nom de celui qui a dit de ne pas juger, qui répondent boutique lorsqu’on parle religion et à propos desquels le Christ s’est écrié : « malheur aux docteurs de la loi, malheur à ceux qui ont dérobé les clés du temple, qui n’y sont point entrés et qui ont empêché les autres d’y entrer ».
Referons-nous le point comme nous l’avons déjà refait une fois ? Cette fois-ci, d’ailleurs, ce sera bien moins long que l’autre…
La solution, dirons-nous pour nous résumer, est là : « accrocher sa charrette aux étoiles », se « brancher », saisir l’une des perches que le ciel tend vers nous, ou, mieux, se débrouiller pour embarquer dans « l’ascenseur… ». Des mots, tout cela ? bien sûr, des mots…
Reste qu’il y a quelque part un fil où passe un courant et que, si vous réussissez à découvrir ce fil, puis à y appliquer votre trolley, votre tramway filera le diable… Reste qu’il y a quelque part un grand courant d’harmonie et que, si vous réussissez à régler votre cœur sur ce courant, une immense joie s’emparera de vous pour vous emporter au Royaume.
Et c’est en dernière analyse cela qu’il faut trouver : cette joie…
*
* *
Vous m’avez déjà demandé comment il faut faire pour la trouver, cette joie ? Et je ne vous l’ai pas dit ?... je vous le dirai, rassurez-vous.
COMPRÉHENSION ET PATIENCE
Mais il faut encore que nous accomplissions un certain périple. Nos yeux ne sont pas suffisamment ouverts. Et vous allez tout de suite comprendre…
Notre instrument, c’est nous-même. Notre outil, la compréhension. N’est-ce pas sur elle d’abord, que nous devons travailler afin de la préparer, de l’affûter et de la mettre au point… Nous ne perdrons pas notre temps puisque c’est justement ce que nous faisons…
Seulement, voilà : l’impatience nous ronge, cette fameuse impatience qui fait toujours tout rater et que les dieux abominent. Nous voudrions savoir la fin avant d’avoir appris le commencement et nous sommes tous un peu comme le bonhomme qui vint me trouver, un matin, et qui me dit à brûle pourpoint : « Monsieur, je vous donne n’importe quoi si vous me faites accéder à la conscience cosmique !.... »
D’ABORD, ACCÉDER À LA CONSCIENCE DE SOI.
Que pouvais-je lui répondre ?...
Le bonhomme avait l’air décidé. Et il eut été capable, si j’avais envisagé de lui vendre l’accession à la conscience cosmique, de me demander une facture et un bon de garantie…
Je me suis donc contenté de lui donner, et pour rien, le conseil que je donne à tout le monde en pareil cas : - doucement, mes bons amis, doucement…
Nous prétendons accéder à la conscience de l’Absolu. Essayons donc, pour commencer, d’accéder à la conscience de nous-mêmes… plus exactement : à la conscience de notre être véritable. Car… vous entendez bien ce que je vous dis là ?... tant que nous n’y parviendrons pas, nous ne serons même pas.
COMBIEN Y EN A-T-IL, PARMI NOUS, QUI PUISSENT DIRE : « JE SUIS » ?
Combien y en a-t-il de personnes, sur mille et même sur dix mille, pour ne pas dire sur cent mille, qui puissent valablement déclarer : je suis ?... nous pensons connaître l’univers et la vie et nous ne savons même pas qui nous sommes… or, ne sachant pas qui nous sommes, comment pouvons-nous savoir que nous sommes, ou réciproquement ?
Un auditeur : --- C’est peut-être parce que nous ne sommes pas ?
--- E xactement…
Un autre auditeur : --- C’est bien difficile à comprendre, tout cela !...
--- Oui, pour nous en ce moment-ci… Mais faisons un petit effort. Et vous verrez, à la fin, que ce que nous ne comprendrons plus, c’est de ne pas avoir compris tout de suite…
NOUS NE POSSÉDONS QU’UNE « POSSIBILITÉ D’ÊTRE »
Je reprends, mais par un autre biais.
Tous, plus ou moins, nous possédons une possibilité d’être mais nous ne réalisons cette possibilité qu’en en prenant conscience… ici, c’est exactement l’histoire de l’âme qui recommence.
Vous vous souvenez ?
Ces âmes qui nous sont données à crédit et que le magasin reprend si nous omettons de payer nos mensualités… L’existence et l’âme, du point de vue où nous nous trouvons actuellement placés, sont pareilles. Ça ne fait qu’un lot… si vous voulez, en matière d’existence et d’âme, nous bénéficions d’une espèce d’option. Encore faut-il la lever et la lever à temps. Quiconque laisse passer l’heure est forclos…
LES MOTS, CES FONCTIONNAIRES.
Il y a là, évidemment, une notion assez subtile à dégager, une notion assez inhabituelle. Et les mots en bons fonctionnaires routiniers, sont toujours rétifs en présence de l’inhabituel…
Nous allons essayer de leur forcer la main et de parvenir au but malgré tout…
L’HOMME « EXISTE » MAIS « IL N’EST PAS ».
Un animal humain est mis en circulation. Le voilà. Il va, il vient, il parle. Mais il se trouve en l’état d’hypnose, dont nous nous sommes entretenus. Peut-on dire qu’il vit ?
Non : il est « vécu ». Ce n’est pas pour son propre compte qu’il vit…
Peut-on dire qu’il « est » ?
Pas davantage, puisqu’il passe à côté de son être véritable.
Il existe, soit.
Mais en tant que machine seulement. C’est un objet animé, un automate. Son être réel demeure emprisonné au fond de lui-même. Et il ne pourra dire « je suis » qu’à partir du moment où cet être réel, ayant pris conscience de soi, rejettera le sortilège et animera personnellement la machine.
En d’autres termes encore, et pour aller un peu plus loin :
Nous nous trouvons en face d’un être factice, d’un être sophistiqué qui n’a rien à voir avec l’être réel. Et lorsque cet être factice parle de ce qu’il appelle lui-même, et lorsque cet être sophistiqué dit « je » ou « moi », c’est encore à l’être second, à l’être faux, à l’être résultant du sortilège, qu’il rapporte ce « moi » ou ce « je »… de l’être réel, profond, fondamental, il n’a aucune espèce de notion. Il dort, l’être fondamental.
Et il dort de ce sommeil « semblable à une mort » dont nous parle le poète…
Il faut absolument que tout le monde parvienne à une claire compréhension de cette donnée. Elle est primordiale. Et je pense avoir enfin trouvé un moyen d’aboutir… Mon moyen, naturellement, c’est une image. On devrait toujours penser aux images lorsqu’on se trouve en présence de données complexes, difficiles à assimiler.
On en médit souvent, des images. Et trop souvent, l’on argue qu’elles ne correspondent jamais à la vérité totale, comme les comparaisons, du reste qui sont elles aussi des images… Mais les mots, est-ce qu’ils correspondent davantage à la réalité totale ? Et les phrases, même bien faites, est-ce qu’elles éveillent toujours les mêmes idées dans les cervelles ?...
Je préfère les images qu’au demeurant on fait avec des phrases et des mots, mais qui s’en dégagent, s’imposent, font flèche et disent d’un coup ce qu’elles ont à dire…
Le seul malheur, avec celle que je vais vous soumettre, c’est qu’elle est un peu grosse et un tantinet grotesque. Tant pis…
NOUS NE CONNAISSONS QUE LA PARTIE « FACTICE » DE NOUS-MÊMES
Imaginez que nous soyons des œufs… Oui : des œufs. Des œufs de poule ou de pigeon si vous préférez, ou de cane ou d’autruche. Peu importe la taille…
Bref, nous avons imaginé que nous étions des œufs. Imaginons maintenant que l’œuf réel, ce soit le jaune, et uniquement le jaune… le blanc, qui est autour, ce sera l’apport du magicien, le factice, ce qu’il aura surajouté…
Et voilà toute notre histoire : Nous sommes des œufs qui ne se connaissent que par le blanc, que par l’extérieur si vous voulez, des œufs à qui le blanc surajouté masque le jaune fondamental et qui partant, n’ont même plus la notion de ce jaune qui est leur être réel, leur seul être réel… Compris ?
Une auditrice : -- Bien sûr, comme ça…
--- Quand je vous le disais !... La voilà bien, la vertu des images !... et ce qu’il faut, pour pouvoir dire…
1) Je suis ce que je suis,
2) Et je sais que je suis…
APPRÉHENDER L’ÊTRE VRAI PAR DELÀ LE FAUX
… Ce qu’il faut, dis-je, c’est avoir réussi à appréhender l’être vrai par delà le faux, l’être réel par delà le factice, l’être « naturel » par delà le sophistiqué, l’être premier par delà l’être second…
… Ce qu’il faut, c’est descendre assez profondément en soi pour y découvrir sa vérité, son essence initiale et y prendre conscience, -- tout ce qui vient du magicien étant écarté -- de ce qui vient du ciel et nous y rattache… ce n’est pas pour rien qu’on dit : la vérité cachée au fond d’un puits…
AUTRES IMAGES.
J’aurais pu me servir d’une autre image. Maintenant que nous n’en avons plus besoin, il va nous en venir cinquante…
De l’image d’un seau, par exemple, d’un seau rempli d’eau et posé sur le sol et sous le ciel bleu. Et je vous aurai dit : il y a, au fond de ce seau, qui est vous-même, un reflet du ciel que vous ne voyez pas, hélas, car un petit diable est là, payé par le méchant magicien, lequel petit diable passe son temps à troubler l’eau dont vous êtes emplis en l’agitant avec sa main etc.… Il y aurait aussi l’image de la noix, avec sa coquille et son fruit, ou encore l’image du cocon, avec son enveloppe de soie et sa chrysalide, etc., etc.