ENSEIGNEMENT SPIRITUEL



II.
 

FAISONS LE POINT ET PRÉCISONS NOTRE MÉTHODE

 
  Nous ne sommes pas encore en haute mer. Mais nous avons perdu de vue nos rivages habituels. Faire le point ne peut être mauvais.
S’agit-il de mesurer le chemin parcouru ?
Pas spécialement. Il s’agit avant tout de nous assurer du but et de l’outil, c'est-à-dire de notre méthode…
N’avons-nous pas dit qu’elle serait justement de n’en point avoir ? Sans doute. Mais nous nous sommes compris : il y avait là une large part de boutade. Passons… et fixons nos idées par le système des « aperçus », l’un des meilleurs qui soient…
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  En ésotérisme, ne jamais tout dire est à la fois un principe et une nécessité. Il convient que chacun puisse s’adjuger le mérite de trouver ce qui est omis…
Un exposé, trop « mâché » aboutit immanquablement à la perte d’un bénéfice : du bénéfice qu’eut réalisé le disciple en effectuant une partie du travail.
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  Il n’est pas question de nier la valeur des méthodes qu’on enseigne dans les facultés et qu’on applique à l’ensemble des sciences dites exactes, lesquelles étudient les phénomènes extérieurs et les propriétés de la matière. Ceci est indispensable à cela…
  Mais que voulons-nous en notre présente recherche ?
  Nous voulons précisément dépasser les mondes de la quantité et du poids, atteindre « l’essence » et en gros, appréhender directement la vie et la qualité. Or, pouvons-nous placer la qualité sous une lentille de microscope ou découper la vie en lamelles pour en percer les mystères ?
  Sachons en prendre notre parti : ce n’est pas en mettant la mer en bouteilles que nous en étudierons les vagues…
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… De trop longs préparatifs dévorent le temps nécessaire au labeur et la rigueur pétrifie lorsqu’elle devient excessive…
  Il arrive que les méthodes sclérosent et que les systèmes asphyxient… canaliser l’intelligence est bien. Encore faut-il se garder de l’étouffer entre des barrières trop étroites. La camisole de force ne lui convient pas. L’esprit est une flamme.
  Et l’on n’emprisonne pas une flamme dans une cage, si belle soit-elle…
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 Comprendre ou savoir la vérité n’est rien. Ce qu’il faut, c’est être la vérité, c’est vivre de sa vie même…
  Tout le reste est néant.
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  Pourquoi commencerions-nous par telle donnée plutôt que par telle autre ? Le tracé que nous avons à parcourir se présente comme un cercle. Peu importe par conséquent, que nous partions du point « a » ou du point « z ». L’essentiel n’est-il pas d’accomplir le circuit tout entier ?
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  Dites-vous ceci :
  « Je vais lire ce texte. Je n’en comprendrai peut-être que deux ou trois détails. Mais je le relirai, et ces deux ou trois détails faisant déjà brèche dans le bloc, c’est bien le diable si deux ou trois autres ne se mettent pas alors de la partie pour élargir la brèche. Et le jour viendra, si je suis patient, ou fatalement le bloc tout entier cèdera ».
 

LA MÉDITATION ET LE MIRACLE
   DE L’ASSIMILATION MENTALE.

 
  Travaillez et faites confiance à la façon dont votre esprit est fabriqué. Il est fabriqué comme votre estomac. Et votre estomac n’a heureusement pas besoin de vous pour fonctionner… comment vous y prendriez-vous s’il fallait que vous assuriez par vos calculs, la transformation de vos aliments en chyme, en sang, en chaleur, en chair, en forces nerveuses, etc.…
  Il vaut mieux que ce soient les facultés appropriées à votre inconscient –nos fonctions végétatives, disent les médecins- qui se chargent de cette besogne. Et justement, ces fonctions végétatives de notre organisme physique ont leur exacte réplique dans notre organisme mental.
  Absorbez donc en toute quiétude les idées dont vous avez l’impression qu’elles vous conviennent. Suivez vos goûts. Le goût est une expression de l’instinct et l’instinct a toujours du bon.
  Puis, laissez faire.
  Et vous vous apercevrez bien vite qu’un phénomène d’assimilation se produit dans le subtil tout comme dans l’épais et que de nombreux concepts, tenus pour trop coriaces à l’origine, se seront assouplis et mis en place comme par miracle…
  Ce phénomène est celui de la méditation. Il est également celui dont on bénéficie, au réveil, lorsqu’on trouve tout résolu le problème sur lequel on a « séché » la veille…
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  Bien entendu, il est indispensable de travailler. Celui qui compterait uniquement sur ses fonctions végétatives n’obtiendrait pas de grands résultats. La loi de l’effort est en vigueur sur tous les plans. Et, s’il arrive qu’un succès soit le résultat d’un hasard ou d’une astuce, il faut se garder d’en conclure à une règle…
  Il convient, par ailleurs, de travailler dans le calme, sans crispation ni nervosité, et, surtout, sans jamais précipiter les cadences. C’est généralement quand on veut gagner du temps qu’on en perd le plus.
-  Je suis trop pressé, pour aller vite », disait un jour je ne sais plus quel auteur…
  Et il avait raison… une tête crispée est une scie qui grince, un moteur qui chauffe et qui « grippe ».   Et il arrive qu’une cervelle défonce sa culasse aussi bien qu’une huit cylindres…
  Jamais les engrenages ne doivent patiner. Il convient que la pensée se développe « comme dans un bain d’huile ». Et, il appartient à chacun de « sentir » son régime, de deviner ses rythmes et de régler la coulée de son lubrifiant.

UTILISER CE QUI EST À UTILISER.

 
  Les choses les plus simples sont toujours les plus importantes, les plus riches de suc et de sève. C’est l’histoire de la supériorité du pain dont on vit, sur les gâteaux ou les sucreries dont on ne tarderait pas à périr si l’on en abusait.
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  Tout ce qui est rudimentaire est sain. Tout ce qui est élémentaire est essentiel… ne se passe-t-on pas plus facilement de la table des logarithmes que de la table de multiplication, d’un dictionnaire Kurdo-Syriaque que d’un petit Larousse ?
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  Il arrive souvent, en ésotérisme comme d’ailleurs en mathématiques transcendantales, que la logique perde ses droits.  
  Mais jamais le sens commun.
  Ce sens commun que Napoléon, qui fut à sa façon un grand yogi et un grand fakir  – je parle sans dérision -  mettait au-dessus de tout, et dont il disait :
 - cela consiste à prendre l’esprit de la chose .
  Ce sens commun qui n’est rien d’autre, en dernière analyse, que le sens du réel, lequel n’appartient qu’aux meilleurs d’entre les hommes et les incite immanquablement à appliquer la plus haute et la plus humble des maximes : « Faire ce qui est à faire… »
  Dire ce qui est à dire, utiliser ce qui est à utiliser, même les lapalissades, si l’occasion s’en présente. Un « grand bonhomme » se reconnaît à ce signe qu’il n’estime jamais rien au-dessous de lui, ni gens, ni bêtes, ni besognes, ni pensées….
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  Utiliser quoi, par exemple ?...
  Tout. Toutes nos facultés d’hommes, toutes nos forces et toutes celles que l’Univers met à notre disposition… on reproche parfois aux unitistes d’être trop sûrs d’eux-mêmes. Ceux qui les connaissent savent parfaitement qu’il n’en est rien. Mais ce dont ils sont sûrs, par contre, sûrs comme du fait d’être et de vivre, c’est de la vérité ou des vérités dont ils entendent témoigner, et que nous allons récapituler si le lecteur le veut bien.

FACULTÉS ET FORCES.

 
  1)  
L’homme possède, de par sa complexion même, des facultés qu’il méconnaît, néglige ou emploie au rebours précis de leur fin, et ceci, dirait-on, dans la mesure exacte où ces facultés sont plus hautes, plus précieuses et plus aptes à lui donner, dans la joie, ce qu’il cherche par ailleurs dans le désespoir…
 
  2)  L’Univers est empli des forces intelligentes que tout homme « éveillé » peut se rendre favorables, appeler à lui, voire capter et utiliser sans pour cela se livrer aux moindres opérations de magie.   
 
  3)  De l’utilisation de ces forces et de ces facultés dépendent l’équilibre social et la paix mondiale...

- Rien de plus ? nous demandera-t-on…
  Nous ajouterons, sans aucune crainte de nous tromper :
-          -  Si : le bonheur des individus et le salut de l’espèce…

L’HOMME N’EST PLUS QU’UNE PROIE PROMISE AU MOLOCH SORTI DE SES MAINS…

 
  Qu’avancerons-nous d’extravagant en affirmant que la paix ne s’installera dans le monde que si elle s’installe, d’abord, dans le cœur des hommes ? Aussi longtemps que les habitants de cette terre, en dépit de leurs codes, de leurs morales, et de l’ensemble des trompe-oeil matériels ou philosophiques dont leur civilisation s’enorgueillit en resteront au stade actuel, c'est-à-dire, à celui de la bête, ils échangeront d’années en années, de conflits en conflits et de guerres en guerres, des surcroîts de coups de dents et de griffes…
  La preuve, je crois, en est faite : l’homme est dépassé par la complexité des engrenages qu’il a créés et mis en mouvement. Il n’est plus qu’une proie promise au moloch sorti de ses mains. Il le sait et, l’échine ronde, attend le pire… Où est l’issue ? Il n’y en a pas, tout au moins selon les formules actuellement en usage. Et je pense que nous en tomberons tous d’accord : ce n’est pas à force de devenir savante, toujours plus technique et plus savante, que la civilisation cessera d’être une sauvagerie…
*
*      *
  Or, qu’on n’y consente ou pas, ce n’est qu’en vertu des facultés et des forces dont nous parlions à l’instant, que l’homme peut échapper à son actuelle condition, se dépasser et répondre enfin à sa propre définition…
  Je dis bien : A sa propre définition, à celle qu’il donne si fièrement lui-même de lui-même !
  Pensons-y :
  Combien d’entre nous ne seraient-ils pas exclus de l’espèce s’il fallait justifier du titre par la qualité ?...

 

 NOTRE CIVILISATION: UN CLOAQUE.


 
Notre civilisation est un cloaque.
 Et nous sommes au fond de ce cloaque comme autant de bêtes immondes en rut d’amour ou d’argent, d’orgueil, d’ambition ou de puissance, comme autant de démons imbéciles acharnés à se violer de l’âme au corps, à se dominer, à se contraindre, à se pressurer, à se dépecer dans une épouvantable sanie de pensées rongeantes, de théories truquées, de fausses sciences, de théologies sans ciel, de doctrines à double fond et de dogmes morts…
  Comment s’évader de cette prison de boue ? Comme rompre nos chaînes, culbuter nos barrières et renverser notre fatalité ?...
  A coups de compromis politiques ou de replâtrages d’idées ? A coup de codicilles  d’articles subsidiaires et de clauses résolutoires ?
  Le mal est trop profond.
  Les remèdes extérieurs ont fait faillite. Ils sont comme autant d’emplâtres de papier mâchés sur des cancers à leur dernier degré. Tous les arbres de la forêt humaine sont malades et c’est la sève qu’il faut soigner.
  Mais comment ? Comment ?


TOUS LES REMÈDES ONT FAIT FAILLITE,
SAUF UN : « LE TRUC »…



  Il faut en revenir « au truc », -à ce bon vieux truc aussi vieux que le monde- qui transforme le plomb en or, qui refait de la vie et de la lumière : au truc des facultés latentes en l’homme et des forces latentes en l’Univers…
  Et ce qu’il faut, si l’on veut que cette civilisation soit sauvée, c’est que beaucoup d’hommes s’y attachent à ce truc, et réussissent leur petit rétablissement hors du gouffre. Beaucoup d’hommes, assez d’hommes, pour entraîner la masse ou lui faire contrepoids, c'est-à-dire, en ce dernier cas, pour la racheter…
  Et, s’il n’y en a pas assez de ces hommes ?
  Tant pis pour la masse… ceux qui auront réussi le rétablissement seront hors d’affaire. Les autres s’en iront jusqu’au fond du gouffre ou Vulcain les remettra à la fonte, à moins que ce soit messire Satan en personne…
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*      *
  Que sont-elles exactement ces facultés et, surtout, ces forces ? Soyons honnêtes et constatons que nul ne peut actuellement en donner une définition scientifique, pas plus que de l’électricité d’ailleurs, dont Edison disait : - On ne sait pas ce que c'est. Mais elle existe. Tachons donc de nous en servir ».
 

GARDONS-NOUS DE L’INTELLECT,
CE TROP ARROGANT MAJORDOME…

 
  Surnaturelles, ces forces ? Supranormales, ces facultés ? Autant vaudrait-il prétendre qu’il y a du hors nature dans la nature ...
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*      *
  En vérité, si nous sommes tentés de réputer ces forces surnaturelles et ces facultés supra normales, c’est uniquement parce que, depuis des générations, l’homme a laissé l’intellectuel prendre le pas sur le spirituel, et, peu à peu, l’éliminer, l’écraser sous le poids de son orgueil imbécile.
  Mais le spirituel n’est pas mort, on peut l’affirmer en toute quiétude. C’est à lui que pend l’Univers.  Et s’il était mort, l’univers se serait dès longtemps abîmé dans le néant.
  Toujours debout le spirituel !
  Et prêt à se manifester à nous pour que nous redonnions aux facultés de l’âme, qui doivent être reines, le loisir de parler plus haut et plus clair que l’intellect, ce trop arrogant majordome.
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  Il s’agit en somme de remettre nos maisons en ordre, de renvoyer les laquais à l’office et de rétablir le sceptre en ses justes dignités, en ses justes prérogative.
  Tant que les larbins tiendront les salons, les salons seront de mauvais lieux où l’on se battra dans la puanteur et la crasse, après pillage des garde-manger et des caves, pour des histoires de filles ou de cartes. Tant que les usurpateurs conduiront l’empire, l’empire vivra dans l’indécence et l’ordure, dans la honte, dans l’anarchie, dans la haine et dans l’effroi, assujetti au crime, tiraillé par les gangs et promis à la ruine, puis au gouffre…
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 Gardons-nous donc des quintessences et des dissociations. Gardons-nous des théories byzantines et des « pensers » trop savants… Il s’agit de vivre, voilà le fait. Et l’on se nourrit de pain, non de pâte meringuée, de tartes à la crème ou de sucre parfumé.
  Ils sont sages ceux qui, même en poésie, préfèrent le genre boulanger au genre confiseur, voire au genre pharmacien. Méfions-nous des drogues à tous les étages : au physique, au mental et au spirituel. Il en est pour gâter l’esprit et l’âme tout autant que pour gâter l’estomac, bien davantage même. Et ce sont celles-là les plus redoutables : les drogues intellectuelles…
 

PAROLES QUI NE PASSERONT PAS.


 Refusons la monnaie de singe. N’acceptons que du sonnant et du trébuchant, que de l’or… Et, croit-on que ce soit un assignat qu’Hermès nous met en mains lorsqu’il nous dit que « le soleil est un astre noir « ?... Et Krisna, lorsqu’il nous affirme que « Tout est esprit » ? Et le Christ, lorsqu’il nous donne ce conseil : « Trouvez le Royaume de Dieu et sa justice, et tout le reste vous viendra par surcroît » ?
  Assignats, cela ? Chèques sans provisions ?
  N’en doutez pas : il n’y a qu’une banque qui soit au siècle des siècles, à l’abri de la faillite, et c’est celle qui avalise ces sortes d’affirmations, ces sortes de paroles « qui ne passeront pas » quand bien même les mondes passeraient…
 

« TROUVEZ LE ROYAUME... »

 
  On croit à une image, à une façon de parler, à des mots « en l’air », jetés dans le vent au hasard d’une construction de pure rhétorique. Et il s’agit d’une clé majeure –de l’une de ces clés que les occultistes cherchent désespérément dans les vieux grimoires- et qui est là, sous leur nez, toute simple et nette, toute claire…
  Que fait-il, le Christ, en articulant ces mots ?
  Il énonce une vérité littérale, il donne la « recette qui marche », le « truc qui rend »
  N’hésitons pas à le répéter : trouvez le Royaume de dieu, c'est-à-dire, le Royaume de la Joie, et ne vous occupez plus de rien. Vous aurez déclanché une mécanique prodigieuse.
  Et cette mécanique fonctionnera pour vous jusqu’à la fin des âges…
 

TOUS LES SECRETS DE LA MAGIE SONT DANS LA BIBLE… MAIS ILS SE GARDENT D’EUX-MÊMES…

 
  Pourquoi les secrets de l’ésotérisme sont-ils si jalousement gardés ? Me demandera-t-on.  Est-ce par crainte de l’usage que pourraient en faire les « méchants » ?
  Pas en ce qui concerne l’ésotérisme christique, en tous cas. Il est sans secret, ou, plus exactement, ses secrets se gardent d’eux-mêmes, en vertu de la loi que voici :
  Nul ne peut percevoir au-delà de sa qualité ni comprendre au-delà de son plan…
  Autrement dit :
  Une chose vous échappe aujourd’hui qui ne vous échappera pas demain si vous avez fait des progrès…
  Autrement dit encore :
  Les secrets se révèlent d’eux-mêmes à mesure qu’on prend de la hauteur…
  Conséquence : Tous les secrets de la magie, par exemple, se trouvent dans la Bible et les Evangiles. Mais seuls les découvrent ceux qui ont des yeux pour voir…
  Et les « méchants » sont aveugles…

 

MAGIE SEXUELLE…(ATTENTION ! CHEMIN DANGEREUX…)

 
  Restent certains secrets de la kabbale, de l’hermétisme, des sorciers et des « jeteu » de sorts comme on disait dans l’ancien temps…
  Ceux-là ne sont gardés que par les gens qui les détiennent et ne se soucient pas de les partager avec les autres. Mais ces secrets ne vont pas loin, même en matière de magie sexuelle, la plus dangereuse et la plus généralement pratiquée.
  Dangereuse, d’ailleurs, elle l’est surtout pour celui qui la pratique. Les forces qu’elle utilise sont celles du Prince. Même sans qu’il y ait choc en retour, ces forces qui sont réelles et puissantes, délabrent ceux qui les manipulent ou seulement tentent de les manipuler. Bien peu, s’étant engagés sur ce chemin, parviennent à sauver leur âme, c'est-à-dire, leur intelligence et leur esprit. Une boue grouillante de larves, mille fois plus atroce que celle du Mont St Michel, les absorbe et les digère…
 

CE NE SONT PAS LES « CLÉS » QU’IL FAUT CHERCHER.

 
  Les occultistes usent leurs jours et leurs nuits à chercher ou à rechercher des clés. Clés de l’hermétisme, clés de la Kabbale, clés de la magie, clés de l’alchimie, etc. etc.
..
  Et ils perdent leur temps. Et ils perdent leur vie…
  S’il y a beaucoup de clés occultes   – et toutes sont de fausses clés à ce point mangées de rouille qu’elles s’effritent sous les doigts dès qu’on les touche -  il n’y a pour chacun de nous, qu’une seule porte comme il n’y a qu’un seul chemin.
  C’est cette porte qu’il faut trouver.
  Et quiconque trouve sa porte n’a plus besoin de chercher sa clé.
  Ou elle lui tombe du ciel.
  Ou la porte s’ouvre d’elle-même.
 

UN SEUL DEVOIR : TROUVER « LA » JOIE,
MÊME ÉGOÏSTEMENT…


 
 Quel est le premier devoir de l’homme ?
  Etre heureux…
  Et le deuxième ?
  Il n’y en a pas. Être heureux suffit à tout.
*
*      *
  Etre heureux d’une certaine façon, bien entendu.
  Il ne s’agit pas de courir les filles et les bars. Il ne s’agit pas de se gorger de cotillons et d’alcool, encore moins de se ruer à la conquête de l’or, des places et des prébendes
 Trouver sa joie, nous l’avons déjà vu. Trouver la joie et non le plaisir, même égoïstement au début, telle est la grande, la seule maxime. Inutile d’aller chercher plus loin, ni pour soi-même évidemment, ni pour les autres. Car l’homme qui a trouvé sa joie cesse automatiquement d’être égoïste s’il le fut, et ne rêve plus que d’augmenter sa joie, de cette autre joie : communiquer à autrui les recettes de sa découverte.
  Il n’est plus, il ne peut être l’ennemi de personne. Il vit dans la joie, il souhaite que tout le monde vive dans la joie et il ne travaille plus que pour la joie :
  Et c’est cela que nous voulons :
*
*      *
  Une humanité qui ne sache plus que fabriquer que la joie au lieu d’une humanité qui ne sait fabriquer que de la douleur.
  Que chacun trouve la joie et le monde sera sauvé !
 

NOUS LA DISSÉQUERONS, LA JOIE.


 Qu’on ne prenne pas ce que je viens d’écrire pour de la « littérature », pour des mots mis en guirlandes dans le seul but de « faire joli… ». Il n’est pas un seul de ces mots qui ne se justifie par une vérité concrète, expérimentale. Nous aurons, par la suite, tous loisirs de le dégager.
La joie dont je parle, nous la dissèquerons sans pitié et nous verrons de nos yeux, et nous comprendrons de nos cervelles, comment, pourquoi et en quoi, elle recèle des trésors de forces exhaussives, de forces « portantes » et, ce qui n’est pas moins important, « décapantes »…
Nous verrons, nous comprendrons, la prodigieuse, l’incommensurable habileté de Jésus donnant aux hommes le conseil : « trouvez le Royaume ».


SUPÉRIORITÉ DE L’ÉSOTÉRISME OCCIDENTAL.



  Pour parvenir à la Réintégration, ou, si l’on préfère, pour joindre l’Absolu ou gagner le ciel, les Indous ont mis au point plusieurs séries de méthodes qu’on appelle : yoga.
  Ce que valent ces méthodes, et ce qu’on peut en attendre, nous allons l’examiner. Mais ce qu’il faut dire, dès le début, en tout cas, c’est quelles sont difficiles et longues, souvent dangereuses, toujours abruptes et rocailleuses, harassantes… Je ne discute pas qu’on puisse en attendre de forts bons résultats. Il suffit de commencer très jeune, d’être magnifiquement doué et de persévérer une trentaine ou une quarantaine d’années. Pas davantage si tout va bien.
..
  On n’objectera peut-être que certains Indous ont réussi beaucoup plus vite, ce qui est exact. Le seul malheur, pour le yoga, c’est que ces Indous ont généralement réussi en marge du yoga, par des procédés que l’Occident –nous le verrons avec Mme Guyon, Fénelon, Th. Darrel, Steiner, Philippe, Parlange, Sedir, le Docteur Lefébure et quelques autres- connaît infiniment mieux que l’Orient.
  Il y a un ésotérisme africain et il y a un ésotérisme européen, lesquels n’ont rien à envier à ceux de Chine, du Tibet ou des Indes, ce qui ne veut pas dire que ces derniers soient négligeables. Ils peuvent, au contraire, nous apporter beaucoup –ne serait-ce qu’en nous incitant à examiner les choses sous des angles inhabituels- mais ceci à la condition essentielle que nous sachions conserver nos éléments de base, nos acquis ancestraux, nos « étais » traditionnels, nos armatures, en un mot : que nous sachions rester nous-même.
*
*      *
 Les idées des autres sont comme de belles et nobles étrangères. N’hésitons pas, quand elles se présentent, à leur faire les honneurs de nos maisons. A l’occasion, si elles sont très belles, allons jusqu’à leur faire un brin de cour.
  Mais sachons conserver nos cœurs, qu’elles auraient vite fait de dévorer, et reconduisons-les au seuil avec beaucoup de politesse et d’égards, mais sans regrets…
 

L’ASCENSEUR ET LA CORDE À NŒUDS…

 
 Les yogas, donc, sont des méthodes difficiles, dangereuses et exténuantes. Elles exigent un effort considérable pour des résultats douteux. Tenter de joindre l’Absolu dans de telles conditions, c’est tenter de grimper au ciel par une corde à nœuds.
  Moins acrobatique déjà nous apparaît le procédé de Jacob. Une échelle, c’est tout de même mieux qu’une corde à nœuds. Et l’échelle de Jacob est solide, elle est fabriquée de foi pour les montants et de prière pour les barreaux. Beaucoup s’en servent encore, dans les couvents, les cloîtres. Et quelques uns parviennent au terme… mais n’aurait-on rien trouvé de plus « perfectionné » depuis le vieux Jacob ?
  Si, justement, et c’est Jésus de Nazareth qui l’a trouvé avec son Royaume de la Joie… de cette Joie qui est le signe de la vérité, de cette Joie « portante »…
  Car, voici le miracle de « cette mécanique qui marche », de cette mécanique que nous détaillerons pièces par pièces, et qu’il suffit de déclancher pour qu’elle nous prenne en charge et nous achemine vers le but… A l’échelle de Jacob et à la corde à nœuds des Yogis, Jésus à substitué un ascenseur.
  Tel est le cadeau qu’il fait aux amants de l’Absolu.
 

  HOMME  OU DIEU PEU IMPORTE...


 
  Il se peut qu'on juge triviales, et même cavalières et irrévérencieuses les images que nous utilisons ici. Tant pis...
  Ou tant mieux...
  On a obscurci notre jeunesse, comme beaucoup d'autres jeunesses, en nous imposant du Nazaréen une image ridicule et, en outre, une façon non moins ridicule de parler. Nul ne lui porte un respect plus profond et plus sincère que nous.
  Et nous ne voyons pas en quoi on honore et on respecte davantage cet hercule de la pensée, précisément, en faisant de lui un simple prétexte à génuflexions...
  Il a prêché la loi d'amour, c'est entendu. Mais il a aussi et surtout prêché la loi de l'effort. Tout est viril dans sa doctrine. Et croit-on qu'il n'avait pas autant de cervelle que de coeur, qu'il ne possédait pas autant d'érudition que de pitié, autant de science que de ferveur? Ne posons pas la question de savoir s'il est Dieu ou s'il n'était qu'un homme. Cette question est toujours aussi vaine qu'inutile. Ce qui compte, c'est son enseignement, un enseignement dont la portée scientifique, philosophique et métaphysique, passe ce que tout le reste du monde a produit depuis vingt siècles ; un enseignement dont la portée pratique est incalculable et qui, seul, peut soustraire les hommes aux condamnations qu'ils ont accumulées sur leurs têtes. A une condition, cependant...
 

DU TORT FAIT À L’ENSEIGNEMENT CHRISTIQUE.


 
  A la condition toute simple que cet enseignement soit pris et étudié comme n’importe quel enseignement, comme celui –on va encore dire que je blasphème, mais mon parti est pris !...- d’un quelconque instructeur, théoricien ou philosophe.
  Parlons net, et reconnaissons-le : ce qui fait le plus de tort à l’enseignement du Christ et lui enlève toute crédibilité dans l’esprit de bien de gens, c’est qu’on l’affirme Jésus fils de Dieu…
  Répétons-le : il se peut qu’il le soit, en effet, et chacun est libre de sa croyance. Mais la question n’est pas là. Et nous disons, nous plaçant à un point de vue uniquement utilitaire, que l’enseignement de Jésus ne trouvera sa pleine efficacité qu’à partir du moment où il sera suivi et diffusé comme celui d’un simple mortel, d’un simple technicien...
  Dites à MM. Homais fils que le Christ est authentiquement le fils de l'Eternel et vous les mettez en fuite à moins que vous ne provoquiez leurs ricanements... Mais si l'on s'était contenté de dire à M. Homais père que le Christ était le fils d'un charpentier, il eût accepté ses leçons et se fut incliné devant son génie comme il s'incline devant celui de Voltaire ou de Renan…
 
  Pensez-vous que j’exagère ? Dites-moi, alors, d’où provient l’actuel engouement des Occidentaux pour l’hindouisme ? Il provient de ce fait –n’allez pas chercher ailleurs !- que les yogis, par exemple, présentent leurs systèmes comme des œuvres d’hommes, comme des travaux dont la base est expérimentale et que rien n’y heurte irrémédiablement ce qu’on appelle  l’esprit scientifique…
 

INITIÉS DE FANTAISIE ET DOCTRINES D’EXPORTATION.


 
  Et voilà l’ennui : c’est que bien des hommes vont ainsi quémander à l’autre bout du monde, et dans de mauvaises conditions, des chances qui sont loin de valoir celles qu’ils ont à portée de la main…
  Nous n’entreprendrons pas de discuter les mérites de ces puissants seigneurs de la spiritualité que sont Krisnamurti, Aurobindo, Ramakrishna et même Vivekananda qui fut un prodigieux propagandiste et qui pourrait fort bien devenir, en cette Amérique où il sut conquérir tant d’âmes affairistes, le saint patron des courtiers, placiers et autres voyageurs de commerce… Mais que valent, que représentent ces grands initiés qui, sans cesse plus nombreux, nous arrivent de Bénarès ou de Lhassa ?...
  Un initié ! Des initiés !... C’est quelque chose, n’est-ce pas un initié ?... En certains milieux spiritualistes –et les coteries ne manquent pas où l’on se dit spiritualiste à bon compte- on en fait des manières de géants, de demi-dieux. Humainement, rien ne saurait être plus haut. Ça sait tout, un initié. Ça sonde les reins et les cœurs. C’est de plain-pied avec le ciel et ça s’en va tous les jours au plus haut des nues tenir conseil avec les anges.
  Or, un initié c'est un âne.
 Vous entendez bien ? Un âne. L’insigne du grade dans tous les collèges ésotériques sérieux est un bonnet pourvu d’immenses oreilles… Un âne qui a déjà beaucoup travaillé, du reste, qui sait enfin qu’il est un âne et se prépare à travailler davantage encore pour essayer de l’être un peu moins.
 

SEULE UNE MYSTIQUE DE CHEZ NOUS PEUT NOUS CONDUIRE AU BUT...
 

 
  Méfions-nous des doctrines d’importation et des initiés de fantaisie. Seule une mystique de chez nous peut nous conduire au but sous l’égide de maîtres de chez nous.
  Une certaine mystique, bien entendu.
  La mystique à la « Saint-Thomas » qui se veut d’abord rationnelle, qui ne nie pas les mondes physiques et ne fait en aucun cas fi de la matière, qui part du visible pour atteindre l’invisible, ne croit rien à la façon de Calinot, n’admet rien qui ne soit expérimenté et aboutit en somme, comme nous l’avons déjà vu et dit, à une métaphysique positive, à une science aussi précise que n’importe quelle autre science, mais infiniment plus complète à elle seule que toutes les autres réunies, parce que vivante et libre, exempte de tout dogmatisme et de tout esprit asphyxiant de système… Une mystique à laquelle on se prépare en désapprenant résolument tout ce que l’on croit savoir, en se libérant, en se simplifiant l’esprit.
  Il faut faire « cervelle neuve ». Il faut redevenir semblable à un petit enfant…
 

RELAXATION… DÉTENTE… DON DE SOI…


 
  De là les vertus de la relaxation…
  Jésus disait : abandon, don de soi. Et à défaut de reprendre ces mots-là, qui sont les meilleurs, nous pourrions dire en toute simplicité : détente…
  Mais il semble qu’en ces matières comme en quelques autres, nous devions suivre la loi du dollar et que tout soit supérieur qui porte estampille yankee… Au demeurant, abandon, détente ou relaxation, ce qui compte, c’est de parvenir à ne plus être qu’un paquet de chair molle, vide de toute pensée, c’est de consentir à son propre néant, c’est de n’être plus rien…
  Ici, faites bien attention : nous allons préciser des choses importantes et d’abord, celle-ci :
  La relaxation, qui paraît être un exercice élémentaire et un peu bêta, que chacun néglige si volontiers au profit d’exercices théoriquement plus relevés ou mieux assortis à la haute opinion qu’on a généralement de sa petite personne, est à elle seule, capable de conduire au but suprême : au Nirvana comme disent les Indous,  à l’Absolu comme disent certains philosophes, à Dieu comme disent les chrétiens…
 

L’UNE DES PLUS GRANDES LOIS DE L’OCCULTE DÉCOUVERTE PAR LA SCIENCE MODERNE AVEC N… SIÈCLES DE RETARD.



  Sur ce point se vérifie une des plus grandes lois de l'occulte, loi qui fut d'ailleurs définie de différentes façons par Zoroastre Hermes ou le Christ. Pour Hermes, par exemple, c'est le fameux : « ce qui est en haut est comme ce qui est en bas » . Pour le Christ, c'est la loi de l'humilité...
  Traduisons :
  Tu réaliseras en haut ce que tu auras compris en bas... Tu ne seras grand que si tu sais te faire petit... Les premiers seront les derniers... Sache t'anéantir et tu auras le vie éternelle, etc, etc...
  Mêmes principes, on le voit. Même doctrine. Mêmes affirmations... Cela ne fait qu’un bloc et qu’un trésor, le trésor initiatique…
  Et les savants modernes parviennent enfin à des données semblables, qui se peuvent ramener à une seule formule : la clé de l’infiniment grand se trouve dans l’infiniment petit…
  Or – et nous n’en sommes plus, je pense, à discuter les « correspondances » du matériel et du moral -  Hermès et le Bouddha, Zoroastre et les Indous, plus le Christ, tous ont toujours préconisé et enseigné la modestie, l’humilité, le repliement, l’abandon, la détente, le non-être volontaire, en un mot : la conquête de ce qu’il y a de plus grand par la pratique de ce qu’il y a de plus petit…
 

L’ABSOLU NE COMBLE QUE LES ÊTRES SOUCIEUX D’OBÉIR À SES LOIS.


 
  On le voit également : ce n’est pas en vertu de considérations d’ordre moral que les maîtres se trouvent d’accord, c’est en vertu de considérations d’ordre pratique. Pour eux tous, du reste, il n’y a qu’une morale, laquelle conditionne l’harmonie et la joie : obéir à la volonté de Dieu, s’adapter aux rythmes voulus par la toute puissance…
  Ils parlent d’amour et leur cœur en est plein, car ils aiment Dieu pour le bonheur qu’ils en reçoivent. Mais, ils pourraient tout aussi bien tenir aux hommes ce langage :
  « Nous ne sommes pas les plus forts et nous n’avons qu’une chance de nous en tirer agréablement : c’est de nous soumettre. Aussi longtemps que nous regimberons contre l’aiguillon, nous serons piqués. »
  Si donc, vous voulez gagner l’infernale partie dans laquelle vous êtes engagés, voilà comment il faut vous y prendre : acceptez la règle et observez-là strictement. Soyez bons garçons. Les mauvaises têtes perdent à tous les coups. Dieu ne comble que les êtres soucieux d’obéir à ses lois.
  « Il est comme un chef d’orchestre en quête de musiciens décidés à suivre les commandements de sa baguette après avoir accepté la partition choisie par lui, même si elle ne leur plaît pas particulièrement au début. Soyez ces musiciens-là… ».
 

PAS DE BARRIÈRE ENTRE LE CIEL ET NOUS.


 
  Nous savons qu’il faut être ennuyeux pour paraître savant et que certains lecteurs nous reprocheront de conduire nos exposés avec trop de liberté pour ne pas dire de désinvolture. Mais nous avons décidé de faire de l’ésotérisme « en clair », en utilisant les mots de tous les jours et de tout le monde… Est-ce un tort ? Nous ne le pensons pas, car rien ne devrait être rendu plus accessible, et, par conséquent, traité plus simplement que l’ésotérisme. Pourquoi faut-il que cette science ait donné lieu à des milliers d’ouvrages qui, délibérément obscurs, forment une barrière entre le ciel et l’homme ?... Bref, affirmons encore en toute limpidité, au risque d’encourir des surcroîts de reproches, que la moins flatteuse des ascèses, celle de l’abandon   –de la relaxation  si l’on y tient- est de loin la meilleure bien que la plus banale.
 

POUR CAPTER LES FORCES.


 
  Ici, nous nous adressons à ceux de nos lecteurs qui nous auront suivi avec une attention suffisante, et à eux seuls. Car eux seuls seront à même de tirer parti de l’indication que voici :
  Allongez-vous sur un divan, sur un lit ou sur une natte, et laissez-vous aller. Soyez comme des poupées de son qui se seraient vidées de leur contenu et ne seraient plus que des pincées de chiffons.      
  Et demeurez ainsi le plus longtemps possible, sans une idée, sans une pensée. Il se peut alors que vous sentiez passer en vous « le courant » par quoi vivent les êtres et les mondes. Et si cela se produit, vous aurez gagné la partie.
Il n’en faut pas plus : sentir passer le courant, plus exactement : prendre conscience de son passage. Tout est là… Dès qu’on l’a senti, on est « branché » et l’on peut intensifier le flux en soi de mille manières, pour son profit aussi bien que pour celui d’autrui…
  Le courant qui passe est l’Absolu en nous, c’est l’Absolu « qui nous vit », et, si nous savons tendre l’oreille, qui nous parle…
 

VERS LA JOIE QUI N’A PAS DE FIN.


 
  Vous souvenez-vous de ce que nous avons appris des facultés et des forces ? Eh bien, les facultés ne s’éveillent que si l’on est en quelque sorte parvenu à se nettoyer l’esprit en une atmosphère si limpide –c’est là l’objet de la relaxation- qu’il en est revenu plus transparent que du cristal, plus vierge que la rosée du matin aux flancs des hautes montagnes. Là, alors, et alors seulement, les forces se laissent séduire et capter par les facultés naissantes, qu’elles se hâtent d’alimenter et de mûrir.
   Et la mécanique se met en marche. La vraie, celle qui achemine vers la connaissance directe, les pouvoirs réels et la joie qui n’a point de fin...
 

LA LOI DU COURANT : TRANSMETTRE.


 
  Voici maintenant pour ceux qui auront senti passer le courant :
  Il est une loi, une très grande loi qu’il ne faut jamais oublier. Elle se formule ainsi : « on ne reçoit que dans la proportion où l’on donne et l’on n’avance que dans la mesure où l’on fournit aux autres des occasions d’avancer… ».
  Le courant passe et doit passer par nous. Tant qu’on ne le sait pas, le fait de l’arrêter ou de le ralentir ne constitue qu’une demi culpabilité. Mais, dès qu’on le sait, la responsabilité devient entière et la sanction, en cas de défaillance, ne tarde pas à intervenir. Et c’est la sanction même qui frappe le figuier de l’écriture.
  Tout ce qui est stérile doit disparaître. Rien ne nous appartient en propre, même pas notre vie. Transmettre est une obligation qui d’ailleurs se transforme en une joie pour ceux qui savent aimer. Mais quiconque interrompt le courant et retient la manne appelle sur lui la souffrance et la mort…
 

NOUS NE SOMMES QUE ROUAGES ET CHAÎNONS.


 
  Il y a des ouvriers dans l’invisible, et les choses se passent exactement comme dans nous immeubles lorsque les tuyaux d’eau ne débitent plus le cube utile. On appelle les spécialistes : ils examinent l’endroit malade. S’ils le peuvent, ils réparent. S’ils ne le peuvent pas, ils coupent. Et la partie malade, qu’on remplace, s’en retourne à la fonte…
Vous riez ?

  Les choses se passent bien ainsi cependant. Et tout le malheur des hommes vient de ce qu’ils ne veulent pas voir, de ce qu’ils ne sont dans l’univers que rouages et chaînons, fils conducteurs, tuyaux...
  On nous objectera :                                                               
  Et la conscience ? Ça compte, pourtant la conscience !...
 

CENT POUR CENT RIVÉS À LA MATIÈRE...


 
  « Ça » comptait bien davantage si les hommes l’utilisaient justement, la conscience, pour prendre conscience de leur condition réelle…
  Il n’est pas très flatteur d’être assimilable à un ustensile. Et nous préférons penser, comme on nous y incite en trop d’ouvrage, que nous sommes les rois de la création et que l’univers entier n’a été conçu et mis au point que pour aboutir à ce chef-d’œuvre : l’homme…
  L’homme est peut-être un chef-d’œuvre.
  Mais nous n’avons aucun avantage à nous « gargariser » de cette idée, qui ne conduit nulle part… Mieux vaut que nous pensions, par exemple, que l’homme est un instrument, une entité, un élément par quoi le monde prend ou tente de prendre conscience de lui-même, mais un élément si peu dégagé de la matière, qu’il demeure assujetti à ses lois pour bien près de cent pour cent…
 

SE DONNER À L’ESPRIT POUR ÉCHAPPER AU GOUFFRE.


 
  C’est pour cela que l’astrologie, qui se fonde sur des données purement mécaniques, aboutit à de remarquables précisions, à la condition bien entendu, que l’astrologue sache son métier et travaille sur des dates exactes.
  L’homme n'échappe au déterminisme astrologique qu’à partir du moment où, étant parvenu à un degré de conscience suffisant, il peut se donner à l’Esprit pour s’arracher à la matière. C’est en cela et en cela seulement que joue notre libre arbitre, notre possibilité de choix, notre chance de changer de juridiction et de nous soustraire aux lois de la terre pour bénéficier des lois du ciel.
 

VAINCRE LA PESANTEUR…


 
  Mais tant que nous n’avons pas réussi à nous adjuger ce surcroît de conscience, c’est-à-dire, à passer la fameuse petite porte, nous demeurons prisonniers des engrenages qui nous « cadrent ». Nous sommes comme les oies de basse-cour qui voient passer leurs sœurs sauvages et agitent avec frénésie leurs dérisoires moignons d’ailes : elles sont trop lourdes pour s’arracher du sol…
   Si donc nous voulons, un jour, porter le titre de citoyens du ciel et ne plus dépendre que des lois d’en haut, tâchons d’abord d’obéir aux lois d’en bas, aux lois de Notre Mère la Terre comme disaient les anciens, et, pour cela, sachons bien que nous devons avant tout, prendre une claire conscience des réalités dont nous sommes tributaires, si contraires soient-elles à notre orgueil et à nos habituelles façons de voir et de penser...
 
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